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Libération
Analyse

Les sarkozystes jouent Bayrou contre Juppé

publié le 23 octobre 2016 à 20h11

Haro sur Bayrou ! Déçu par le peu d'échos que rencontrent ses appels au peuple, Nicolas Sarkozy sort un autre joker. A moins d'un mois du premier tour de la primaire, ses amis signent dans le Journal du dimanche un appel «pour une primaire de la clarté». Sans le nommer, ils dénoncent «les petites combinaisons de partis» que négocierait Alain Juppé avec le président du Modem en échange de son soutien. Comme ils le font depuis des décennies, les chefs de droite et du centre vont en effet renégocier, après l'élection présidentielle, les investitures aux législatives. Mais selon les sarkozystes, cela se ferait, si Juppé l'emporte, au prix de «compromissions idéologiques» qui entraîneraient le pays «dans une alternance molle». Aucune alternance «solide, franche et visible» ne peut être construite avec «l'opportuniste» Bayrou, proclame cet appel qui se conclut sur cette maxime rabâchée par Sarkozy dans ses derniers discours : «On ne peut pas sortir du socialisme avec celui qui nous y a fait rentrer.»

Après le référendum sur l'immigration, voici donc le référendum anti-Bayrou. Dimanche, la pétition avait recueilli 165 signatures. Parmi lesquelles de nombreux élus régionaux comme Christian Estrosi qui plaidaient ardemment, il y a moins d'un an, pour des listes d'union avec le Modem. Comprenne qui pourra. Dans le camp Juppé, on est particulièrement à l'aise pour souligner l'incohérence et l'absurdité de l'initiative. Marielle de Sarnez, numéro 2 du Modem, ose ce parallèle entre Hollande et Sarkozy : quand le premier disait «mon ennemi, c'est la finance», le second proclame «mon ennemi, c'est Bayrou». L'efficacité de ce dernier slogan reste à démontrer.