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Manifs

De l'Yonne au Vaucluse, le FN poursuit sa mobilisation anti-migrants

Alors que débute ce lundi l'évacuation de la jungle de Calais, le parti d'extrême droite multiplie les rassemblements sur le terrain.
Marion Maréchal-Le Pen, le 23 octobre à La Tour-d'Aigues. (Photo Bertrand Langlois. AFP)
publié le 24 octobre 2016 à 12h41

D'une manifestation à l'autre : après avoir battu le pavé avec la Manif pour tous le 16 octobre, c'est en opposition à la relocalisation des migrants de Calais que Marion Maréchal-Le Pen a défilé dimanche dans le Vaucluse, son département d'élection. Alors que débute ce lundi l'évacuation des occupants de la «jungle» nordiste qui seront répartis dans des centres d'hébergement sur tout le territoire, la députée Front national a pris la tête d'un cortège d'une centaine de personnes dans les rues de La Tour-d'Aigues – à proximité de la petite commune de Grambois, où doivent être accueillis entre 50 et 60 migrants, essentiellement des familles. Face au défilé frontiste, une contre-manifestation favorable à leur accueil a réuni entre 400 et 500 personnes selon l'AFP.

«La place des clandestins, c’est dans des charters»

Ces dernières semaines, le Front national a multiplié les tracts et les rassemblements contre ces relocalisations, comme Libération l'avait constaté début octobre à Saint-Denis-de-Cabanne, un village de la Loire où plusieurs dizaines de migrants doivent être reçus dans un centre de vacances EDF. En dépit d'une affluence souvent modeste, ces manifestations visent à présenter le FN comme seul avocat de populations locales parfois inquiètes de l'arrivée des migrants. Pour le parti d'extrême droite, le sujet a l'avantage de lier entre elles plusieurs de ses thématiques de prédilection : refus de l'immigration, risque terroriste et défense de la «France des oubliés». «La place des clandestins, c'est pas dans des camps payés par les contribuables, c'est évidemment dans des charters, a martelé lundi sur France 2 le secrétaire général du parti, Nicolas Bay. La solution, ça n'est pas la répartition, c'est l'expulsion.»

Communication anxiogène

Officiellement, le parti nie toute hostilité envers les migrants eux-mêmes. «J'ai toujours considéré que tout ce qui pouvait laisser penser que l'on pourrait reprocher, à titre individuel, aux immigrés de venir est malvenu, a récemment assuré Marine Le Pen. Pour une raison très simple :  la responsabilité de leur venue, c'est la responsabilité des dirigeants politiques de la France.» En pratique, la communication du FN présente toutefois les nouveaux venus sous un jour repoussant. Anxiogène à souhait, un tract diffusé par le parti dans l'Yonne met en scène de jeunes hommes sans visage – masqués par un keffieh, encapuchonnés ou photographiés de dos, sur fond de tentes et d'ordures.

A Saint-Denis-de-Cabanne, c'est une épidémie de viols que prédisaient aux habitants les organisateurs de la manifestation frontiste. A Lourdes, la section locale du parti a diffusé sur Facebook une liste d'adresses, censées être celles des lieux d'accueil des migrants. Une publication que des internautes faisaient suivre d'une série d'injures, voire d'appels au meurtre à l'égard de ces derniers.