Distancé par Alain Juppé dès le premier tour de la primaire, Nicolas Sarkozy serait écrasé au second, 20 points derrière le maire de Bordeaux. Publiée ce mardi par le Monde, la septième vague d'enquête du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), réalisée par Ipsos-Sopra Steria, confirme une tendance repérée ces dernières semaines par tous les sondeurs. Pour l'ancien chef de l'Etat, ce résultat est d'autant plus alarmant que cette étude se fonde sur un échantillon très significatif : 17 047 personnes ont été sollicitées du 14 au 19 octobre par Ipsos, qui n'a retenu que les 1 217 électeurs se déclarant «certains d'aller voter» les 20 et 27 novembre à la primaire de la droite et du centre.
Le précédent sondage du même institut, réalisé le mois dernier, avait pourtant repéré une modeste dynamique favorable à Sarkozy, dans la foulée de sa tonitruante entrée en campagne. Depuis le mois de juin, chaque vague d’enquête du Cevipof avait enregistré une progression de trois points de l’ex-président. De sorte que l’écart entre Juppé et Sarkozy se réduisait progressivement, passant de 16 points en mars à 4 en septembre. Cette tendance s’inverse brutalement ce mois-ci : Juppé gagne 4 points, son rival en perd 3 et l’écart entre les deux hommes remonte à 11 points.
«Barrer la route à un autre candidat»
Tout se passe comme si l’ancien chef de l’Etat, avec sa campagne gauloise, mobilisait plus encore ses opposants que ses sympathisants. Près de 60 % des électeurs de Juppé reconnaissent d’ailleurs que leur vote n’est pas motivé par la seule «adhésion» au candidat mais aussi par la volonté de «barrer la route à un autre candidat».
Dans le camp Sarkozy, on soutient toujours que ces sondages ne veulent rien dire car personne ne peut prédire quels électeurs prendront effectivement la décision de se déplacer pour aller voter. «Sur le terrain, je ne sens pas du tout Juppé à ce niveau. Je persiste à penser que Sarkozy sera en tête au premier tour», explique à Libération Eric Ciotti, porte-parole de l'ex-président et député des Alpes-Maritimes, élu d'un «terrain» fort peu Juppéiste.
Leçon cruelle
Ce nouveau sondage met pourtant en évidence des évolutions très alarmantes pour les sarkozyses. Même auprès des sympathisants de son parti, ce fameux «noyau dur» qui représente plus de la moitié du corps électoral de la primaire, le fondateur de LR semble perdre l'hégémonie à laquelle il pouvait raisonnablement prétendre. Auprès de cet électorat, il perd 5 points à 42 % quand Juppé en gagne 6 à 34 %. «Certains de nos électeurs préfèrent manifestement gagner avec Juppé que perdre avec Sarkozy», s'inquiète un dirigeant sarkozyste, interrogé par Libération. C'est là, sans doute, la leçon la plus cruelle de ce sondage : le pessimisme grandit sur les chances de Nicolas Sarkozy, même chez les électeurs plutôt disposés à voter pour lui.