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Libération
Editorial

Unir

publié le 25 octobre 2016 à 20h31

Manuel Valls se prépare. Il a raison. La situation de François Hollande est si délicate que l'hypothèse d'une candidature de rechange a pris ces derniers jours un poids supplémentaire, même si le Président est doté d'une résilience hors du commun. D'autant que la brusque baisse du chômage au mois de septembre lui donne un peu d'oxygène. La ligne est claire : contre Hollande, Valls n'ira pas; sans Hollande, il sera contraint d'y aller, quand bien même un échec cinglant pourrait arrêter net sa carrière politique. Il a les qualités du rôle. Il sait décider, il sait réfléchir, il sait parler. Et il fut aussi l'organisateur principal de la victoire de 2012. Reste un handicap : Valls est tranchant, ce qui aide à gouverner. Mais il est coupant, ce qui freine le rassemblement. Il peut se plaindre de Hollande, trop ductile, et trop disert avec les journalistes. Mais l'inverse est tout aussi vrai. Il y a un an, alors que la gauche venait de limiter les dégâts dans le scrutin régional, Manuel Valls fut pour beaucoup dans deux décisions funestes : le maintien du projet de déchéance de nationalité dans la révision constitutionnelle ; l'annonce d'un projet trop radical de réforme du marché du travail. A un an de l'échéance décisive, cette droitisation était un contresens. Elle a désorienté la gauche sans gagner un soutien à droite. Alors qu'il n'est aucune victoire possible, ni même un score honorable dans la défaite, sans une réunion de ces gauches que le Premier ministre jugeait il y a peu «irréconciliables». On célèbre ce mercredi le centenaire de la naissance de François Mitterrand. Or ce stratège aujourd'hui révéré par tous a justement bâti sa carrière sur la conciliation des inconciliables. Il était plus difficile, en 1972, d'accorder PCF et PS que de réunir aujourd'hui la gauche de gouvernement. Pourtant ce fut fait. A quarante ans de distance, l'impératif demeure.