C'était un après-midi de juin 2013. François Hollande avait prévu de descendre à Marseille. Quelques jours auparavant, des familles des quartiers Nord s'étaient constituées en association et projetaient l'organisation d'une marche contre la violence. Ce «collectif du 1er juin» défendait 23 propositions pour améliorer la situation des quartiers. Il croyait au pouvoir du politique, et à cette idée que la gauche et la droite ce n'est pas la même chose. Il n'était pas encore déçu du quinquennat. Bref, ce déplacement présidentiel tombait à pic, pour un chef de l'Etat qui avait été largement élu par ces Français d'origine immigrée et qui n'avait jusqu'à présent consenti aucun geste, discours ou déplacement à ces banlieues françaises qui espéraient tant. Sauf que Hollande ne fera pas de détour par les quartiers Nord. Il viendra à Marseille pour inaugurer le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) et baptiser le Jules-Verne, le nouveau porte-conteneurs de la CGM, la compagnie de transport maritime. «La situation des banlieues fera l'objet d'un déplacement à part entière», nous avait à l'époque répondu l'Elysée. Qui ne viendra pas. Cette anecdote résume le grand rendez-vous manqué de Hollande avec ces quartiers populaires. Sa politique n'a pas été indigne. L'effort de rénovation urbaine s'est poursuivi dans une sorte de continuité, initiée par Jean-Louis Borloo en 2004. L'éducation prioritaire dans les quartiers difficiles a été renforcée. Les zones de sécurité prioritaires ont été créées. Mais le Président n'a trouvé ni les mots ni les symboles à la hauteur du désarroi politique et d'un découragement social. Quatre ans plus tard, Libération va publier une série de reportages dans plusieurs quartiers (à Amiens, Paris, Grigny, Marseille et Montpellier) pour constater si la vie a changé. Si l'espoir est revenu ou si la colère s'est incrustée un peu plus dans les cages d'escalier.
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