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Hollande se pose en rempart de la cohésion sociale

Le chef de l'Etat a profité d'un discours devant le Conseil économique, social et environnemental pour faire la promotion de son bilan et adresser quelques messages à la droite.
François Hollande devant le CESE à l'occasion des 70 ans de l'institution, le 28 octobre. (Photo Stéphane de Sakutin. AFP)
publié le 28 octobre 2016 à 14h33

On n'est jamais si bien servi que par soi-même. Au plus bas dans les sondages et malmené par les siens, François Hollande a profité vendredi de son discours devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE) pour retracer et vanter le bilan social de son quinquennat. La cérémonie des 70 ans du CESE a aussi offert au président une tribune rêvée pour faire l'éloge des partenaires sociaux et de se poser en garant du dialogue social face aux projets de la droite. «Vous êtes une agrégation de forces vives au service de votre pays», souligne Hollande après avoir rappelé qu'il était venu douze fois devant le CESE depuis le début de son mandat.

Pendant trente minutes, Hollande ne mégote pas sur les mots doux : «le dialogue social appartient d'abord aux partenaires sociaux», «vos avis sont salutaires», «le CESE c'est l'endroit où se rencontrent toutes les France qui font la France» et «les corps intermédiaires sont utiles à la démocratie».

A l'heure où une partie des socialistes renient le bilan présidentiel au point de chercher des candidatures présidentielles de rechange, Hollande assume tout de A à Z. Du contrat de génération (qui n'a pourtant pas bien fonctionné) à la loi travail (qui a mis des centaines de milliers de personnes dans la rue au printemps) en passant par le CICE (contesté par l'aile gauche du Parti socialiste), la garantie jeunes (qu'il veut élargir au niveau européen) et le Compte personnel d'activité, «une réforme majeure, je n'ose pas dire d'une révolution».

«Vivre ensemble mais vivre dans la durée»

Mercredi, il multipliait les parallèles et les allusions à la mauvaise passe qu'il traverse, transformant son hommage à François Mitterrand en autoportrait de chef d'Etat résistant à toutes les bourrasques, même celles venant de son camp. Vendredi, Hollande se projette dans l'avenir plus subtilement quand il parle de lois destinées à «aller au-delà des mandats de la République», de décisions qui vont «plus loin pour les générations qui nous suivront» ou «engager des politiques qui dépasseront ceux qui les ont portées».

Il semble aussi faire écho à son discrédit quand il assure que «le pire dans une démocratie c'est le silence, l'indifférence qui peut conduire […] à la violence et la brutalité» et enjambe la crise politique pour parler de la France. «Le sujet majeur de la société française, c'est la confiance dans son avenir, son problème c'est le doute sur sa capacité collective inventer un avenir commun», estime Hollande, qui profite de sa situation institutionnelle pour prendre de la hauteur et se poser en rempart de la démocratie, rien de moins.

«Le risque c'est la division, le fractionnement les ruptures, insiste le président. L'enjeu majeur c'est la cohésion. […] Ce que nous avons à gérer ce n'est plus une crise économique mais un défi bien plus grand […] C'est être capable de réunir la pays dans toute sa diversité dans un projet commun, pas simplement le vivre ensemble mais vivre dans la durée.» Comme une adresse à lui-même.