Si le Président était au mieux de sa forme (sondagière), on aurait trouvé sa semaine… normale : des entretiens diplomatiques, des visites de terrain et des discours solennels. La routine élyséenne ! Sauf que François Hollande est loin d’aller bien et que, du coup, à regarder son agenda de plus près après quinze jours de crise politique majeure, on entrevoit une esquisse de stratégie de reconquête, passant par des allocutions - son point fort - dotées d’un gros quotient symbolique.
En trois jours, mercredi, jeudi et vendredi, le chef de l'Etat a réussi le tour de force de se faire applaudir (debout !) par les anciens compagnons de route de François Mitterrand en rendant un hommage aux airs de selfie politique à la volonté «inébranlable» du premier président de gauche de la Ve République qui n'a jamais «cédé au découragement». Il a retourné une salle remplie d'un petit millier de délégués des Conseils citoyens si ce n'est hostiles du moins critiques sur la politique de la ville de la gauche. «La République vous appartient. Vous pouvez compter sur elle. Ne doutez jamais de votre pays, notre grand pays, la France. Vous êtes la France, vous êtes la République», insiste François Hollande. Qui prononce là les mots que les habitants des quartiers attendent depuis quatre ans, annonçant au passage une rallonge d'un milliard d'euros pour la rénovation urbaine. Vendredi, il finit sur un éloge du dialogue social (et de ses réformes en la matière) devant le Conseil économique et social (Cese), s'offrant là encore une solide acclamation. Dans l'ordre, donc, des socialistes historiques, la banlieue et les syndicats. Ce n'est qu'un début, il reprend le combat. «Connaissant l'animal, il a dû vaciller deux heures maximum» avec la crise déclenchée par le dernier livre de ses confidences, confie un poids lourd de la majorité. N'écoutant pas ceux qui lui ont recommandé de faire un 20 heures voire une conférence de presse pour purger la polémique, sans un regard pour sa popularité microscopique et les sondages assassins, le président de la République repart en campagne. Mercredi, dans la pénombre de l'auditorium du Louvre, il avait repris ses habitudes de tribun, coude sur le pupitre et confidences chuchotées. Juste avant d'être élu en 2012, François Hollande aimait à «imaginer Sysiphe heureux». Le voilà donc en train de tenter de renouer le fil d'une candidature patiemment tissé depuis six mois mais cassé net avec la sortie d'«Un président ne devrait pas dire ça»… Après avoir posé en rempart de l'Etat de droit cet été face à la surenchère sécuritaire et identitaire de la droite, François Hollande se voit en garant de la démocratie sociale, voire de la démocratie tout court, tourné vers 2017. «Notre responsabilité, c'est de faire avancer le pays, lui donner un horizon, lui montrer que le progrès est encore possible», concluait-il mercredi dans son adresse à François Mitterrand. Avant de peaufiner son vade-mecum de président briguant un second mandat vendredi devant le Cese. Sa «mission essentielle» ? «Unir le pays, lui donner sa cohésion, le projeter vers l'avenir et lui donner confiance dans son destin». Comme un remake de la «France unie» de Mitterrand en 1988.