Menu
Libération
Éditorial

Immobilier: à Paris, la pierre ne touche plus terre

Décidément, le marché de l’immobilier parisien ne parvient pas à trouver un rythme de croisière pondéré, c’est-à-dire mesuré, raisonnable quant à l’évolution de ses prix.

Paris, juillet 2016. (Photo AFP)
Publié le 28/10/2016 à 20h11

Décidément, le marché de l’immobilier parisien ne parvient pas à trouver un rythme de croisière pondéré, c’est-à-dire mesuré, raisonnable quant à l’évolution de ses prix. Il s’affranchit de données telles que l’inflation, la croissance économique ou le pouvoir d’achat des ménages. Il augmente et baisse selon ses propres fondamentaux.

Depuis quelques mois, il a repris le chemin de la hausse et se rapproche de nouveau de ses niveaux records : dans une étude publiée jeudi, les notaires projettent un prix médian de 8 470 euros le mètre carré pour décembre 2016. Et ce, alors que la situation économique du pays n’est pas vraiment brillante : chômage de masse, croissance faible, évolution globalement modeste du pouvoir d’achat des ménages. Mais l’immobilier parisien se moque de tout cela et ça donne une augmentation des prix de 3 % sur un an, qui tend à s’accélérer, alors que l’inflation est quasiment nulle. Par le passé, la pierre parisienne a fait bien pire : comme en 2010, quand les prix ont augmenté de 17,5 % sur un an ! En euros courants, le prix médian du mètre carré a plus que triplé entre le troisième trimestre 1998 (2 333 euros/m²) et juillet 2016 (8 210 euros/m²), alors que, sur la même période, la hausse des prix à la consommation n’a été que de 28 %.

Certes les acheteurs ont gagné en solvabilité avec l’allongement de la durée des emprunts (vingt ans est devenu quasi la norme contre quinze ans avant) et surtout les taux d’intérêt n’ont cessé de baisser, rendant le coût de l’argent toujours moins cher. En remboursant une mensualité identique, les ménages acquéreurs peuvent emprunter un capital beaucoup plus important. Actuellement, le taux de marché est 1,6 % sur vingt ans, ce qui permet d’obtenir un prêt de 194 000 euros (assurances comprises) en remboursant 1 000 euros par mois. Mais toutes les marges du financement ont été utilisées : les taux ne descendront pas plus bas, difficile d’allonger encore la durée des emprunts car les ménages ne veulent pas se lancer dans un endettement sans fin. Donc, si la hausse des prix devait se poursuivre, les mêmes causes produiront les mêmes effets : les acheteurs ne pourront plus suivre l’envolée des prix et le marché parisien se bloquera comme en 2012. A l’époque, il avait freiné d’un coup, passant de 8 460 euros/m² au plus haut mi-2012 à 7 880 euros mi-2015. Avant de repartir à la hausse.