Pauvres patients atteints d'Alzheimer… Non seulement ils ont une maladie difficile à vivre, qui les exclut et les marginalise, mais voilà qu'on leur prescrit des médicaments qui ne leur servent à rien. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a en effet décidé la semaine dernière d'écarter la possibilité d'un déremboursement des quatre médicaments anti-Alzheimer actuellement prescrits, déremboursement pourtant recommandé par la commission de transparence de la Haute Autorité de santé, comme le révélait Libération.

«Je veux mettre en place un protocole de soins élaboré par les scientifiques en lien avec les associations de patients», a expliqué la ministre. Cette décision est déroutante. Depuis plus de cinq ans, cette prise en charge existe. De fait, l'argument d'ordinaire avancé pour maintenir le remboursement est que ces médicaments n'ont certes pas d'effet sur la maladie, mais établissent un lien thérapeutique. «Prescrire des médicaments inutiles, voire dangereux, où est le lien de confiance ?» rétorque le professeur Olivier Saint-Jean, membre de la commission de transparence. De plus, les 100 millions à 300 millions d'euros dépensés dans ces remboursements pourraient être consacrés à des prises en charge plus personnalisées. Etonnant paradoxe au final. Marisol Touraine, le mois dernier, avait fait une annonce très critiquée sur la fin programmée du trou de la Sécu. Et voilà qu'elle continue de rembourser des médicaments inutiles. Cherchez la cohérence…