Au total, 3 852 migrants ont été évacués vendredi de leur campement du nord-est de Paris, le chiffre le plus élevé depuis la première opération de ce type, en juin 2015. Pour les autorités, l’enjeu était grand. Une semaine après le démantèlement de la «jungle» de Calais, il s’agissait de montrer qu’elles gardent le contrôle de la situation. Que l’évacuation du bidonville du Pas-de-Calais n’a pas provoqué de report massif de migrants vers la capitale et n’a pas mobilisé toutes les capacités d’hébergement. Pourtant, selon nos informations, le préfet de la région Ile-de-France a dû s’activer tous azimuts pour parvenir à dégoter quelque 4 000 lits.
Reste que ce nouveau démantèlement ne sera sûrement pas le dernier dans la capitale. D’abord parce que le flux des arrivées ne se tarit pas : ces dernières semaines, entre 80 et 100 personnes arrivent à Paris chaque jour. Un chiffre plus élevé qu’au cours de l’été. Les migrants parviennent à esquiver les contrôles de police, notamment à la frontière franco-italienne, avant de remonter vers la capitale, bien desservie par les transports en commun. De plus, Paris est désormais le principal point d’attraction en France depuis la destruction de la jungle. En attendant de pouvoir rejoindre le Royaume-Uni, de nombreuses personnes patientent dans le nord de Paris, d’où certains réseaux de passeurs opèrent aussi.
L'évacuation du campement de Stalingrad a aussi pour objectif de permettre l'ouverture, probablement la semaine prochaine, du centre humanitaire voulu par Anne Hidalgo. Celui-ci, situé porte de la Chapelle (XVIIIe arrondissement), pourra héberger entre 400 et 500 personnes, qui y resteront cinq à dix jours, avant d'être orientées vers les structures adaptées, notamment les centres d'accueil et d'orientation. Mais le flux actuel des arrivées est si élevé qu'il risque de mettre immédiatement la nouvelle structure en surchauffe.