Ils ne le lâchent pas. Les sarkozystes continuent leur offensive sur François Hollande et la «violation du secret défense» suite à ses entretiens avec les deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Après Nicolas Sarkozy accusant le président de la République de «forfaiture», c'est au tour d'un de ses premiers lieutenants, le député LR des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, de s'en remettre au procureur de la République. Dans un courrier, il explique ainsi avoir saisi à deux reprises le ministre de la Défense, en vain, pour dénoncer la publication le 24 août dans le Monde d'un article sur un projet d'attaque, abandonné in extremis, en Syrie en août 2013. Un article illustré par la reproduction d'un schéma, estampillé «confidentiel défense», et présentant le déroulé temporel prévu de la frappe.
«Il m'apparaît que la divulgation volontaire de documents et d'informations classées "confidentiel défense" sont, dans les circonstances de l'espèce, de nature à constituer» le délit de violation du secret défense, argumente Ciotti dans cette lettre révélée par Nice Matin puis transmise à l'AFP. Le député s'interroge notamment sur de possibles «complicités» qui ont pu permettre aux journalistes de quitter l'Elysée «avec des copies de documents classés "confidentiel défense"». «Les divulgations en cause m'apparaissent d'une gravité extrême puisqu'elles concernent les intérêts supérieurs de la nation et mettent en péril la politique de défense et de sécurité de la France», ajoute-t-il.
Le Drian : «De la politique politicienne»
Mercredi sur France Info, Sarkozy avait lui assuré «qu'un jour ou l'autre, M. Hollande aura à rendre compte de cette violation manifeste du secret défense». L'ex-chef de l'Etat faisait lui référence aux confidences à Gérard Davet et Fabrice Lhomme, publiées dans le livre Un président ne devrait pas dire ça, sur les autorisations de quatre opérations secrètes dites «Homo», des assassinats ciblés visant notamment des auteurs d'attentats. «Imaginez que je me sois laissé aller à montrer à des journalistes des plans secrets confidentiels défense d'intervention de nos avions, que j'aie indiqué à des journalistes que j'avais donné des ordres secrets à nos forces spéciales pour éliminer tel ou tel ennemi de la France. C'est une forfaiture», avait accusé Sarkozy.
Dimanche, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui bénéficie d'un vrai crédit à droite, a volé au secours de son ami président : «Forfaiture […] cela veut dire crime. Où était le crime ? Qui commet des crimes?» s'est-il agacé au micro du «Grand rendez-vous» Europe 1/Les Echos/i-Télé. «Au moment où la France est en état d'urgence, où nous allons manifester notre compassion, notre empathie avec l'anniversaire du Bataclan, où nous sommes en guerre partout… forfaiture? Je crois que tout cela c'est de la politique politicienne dans le cadre de la préparation des primaires, a-t-il poursuivi. Dans le combat contre les terroristes, on frappe, on élimine, on neutralise […] Un chef terroriste, quel que soit son nom, lorsqu'il prend des initiatives fortes contre la France subit l'armée et les forces françaises».
Quant à la plainte de Ciotti, Le Drian balaye le sujet : «De quoi s'agit-il? De la publication dans un journal du soir d'éléments […] sur des événements qui remontent à trois ans et en plus sur une opération qui n'a pas eu lieu?» Comme dans l'entourage du chef de l'Etat depuis la publication de ce livre et de l'article dans le Monde, c'est «circulez, y'a rien à voir».