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Libération
Le bilan de la campagne de... (2/7)

Sarkozy, ex-président et ex-favori

Nicolas Sarkozy en campagne pour la primaire de la droite et du centre, le 12 novembre à Bordeaux. (Photo Rodolphe Escher pour Libération)
Publié le 13/11/2016 à 18h46

On lui avait promis une balade de santé. Ce fut un chemin de croix. Du fond de sa fausse retraite, Nicolas Sarkozy, auréolé de sondages flatteurs, attendait tranquillement 2015 pour revenir en homme providentiel. Mais en juin 2014, la bombe Bygmalion bouleverse ses plans. Après l'éviction de Copé, la présidence de l'UMP est confiée au trio Raffarin-Juppé-Fillon, pas vraiment sarkozyste… L'ex-président n'a plus le choix : il doit reprendre le parti pour ne pas laisser d'autres que lui incarner l'espoir d'alternance. Ainsi naît la légende d'un retour altruiste, dédié à la remise en ordre de «la famille». Deux ans après, l'archifavori est en position de challenger.

La bonne surprise

Les ventes de son livre, Tout pour la France, par lequel Sarkozy a officialisé sa candidature à la primaire, fin août : 87 000 exemplaires vendus (selon l'éditeur), auxquels s'ajouteraient 197 000 ventes du précédent opus, la France pour la vie. La plupart de ses meetings sont précédés d'une séance de dédicace dans une librairie ou un centre commercial. Au rythme infernal de 200 signatures à l'heure, il aura paraphé près de 20 000 volumes. L'occasion, selon lui, de renforcer ce «lien» unique qu'il revendique avec les Français.

Le ratage

Avoir prédit ce blast qui n'est jamais venu. Lors de son retour dans la vie politique, en 2014, puis son entrée en campagne, en 2016, Sarkozy annonçait un «effet de souffle» qui devait terrasser ses concurrents, notamment le premier d'entre eux, Alain Juppé. Ces fanfaronnades ont fait long feu : le char d'assaut Sarkozy semble en panne d'essence, largement distancé par le maire de Bordeaux.

La réplique qui tue

«On ne sortira pas du socialisme avec celui qui nous y a fait entrer.» Une formule efficace visant François Bayrou, bête noire du camp Sarkozy, coupable d'avoir appelé à voter François Hollande en 2012, et désormais de soutenir Juppé. En agitant cet épouvantail, l'ex-chef de l'Etat espère mobiliser sa base, révoltée par la perspective de se faire «voler la victoire».

Les mantras

«Je ne veux pas d'une alternance molle», répète sans cesse Sarkozy, visant les «ambiguïtés» de son concurrent Juppé. On aura beaucoup entendu l'ancien président promettre, lui, de «tout dire avant pour tout faire après». Mais s'il est un registre dont le candidat aura usé et abusé, c'est celui de la dérision vis-à-vis des «élites bien-pensantes», «du petit Paris mondain» qui «ne prend pas le métro». Par opposition à cette «France de la vie réelle» qui aurait trouvé en Sarkozy son meilleur défenseur.

Sa mesure phare

Le recours au peuple, c’est-à-dire l’usage du référendum. S’il est élu, Sarkozy promet d’interroger les Français sur pas moins de quatre sujets : le cumul des mandats, le nombre de parlementaires, le regroupement familial et l’internement des fichés S les plus dangereux.

Le ralliement

Gérald Darmanin, le jeune maire de Tourcoing. L'ex-président a réussi un joli coup en ralliant ce prometteur trentenaire, dont la présence dans le camp sarkozyste n'avait rien d'une évidence. Petit-fils d'un tirailleur algérien, Darmanin s'était jusque-là distingué par son manque d'appétit pour les débats identitaires et son refus d'une «laïcité punitive», considérant que celle-ci préparait le terrain d'une «guerre civile» entre musulmans et non-musulmans. Une manière de nuancer le discours très identitaire du candidat Sarkozy.

Le lâchage

Quand il est «revenu», en septembre 2014, l’ex-président avait bon espoir de rallier à son panache la plupart des jeunes maires de la vague bleue, élus six mois plus tôt aux municipales. Beaucoup ont choisi d’autres candidats, à l’image du maire LR d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, soutien d’Alain Juppé.

Son talon d’Achille

Son passif d’ex-président battu qui n’a pas rempli sa promesse de rupture. Et son passé d’ex-candidat dont les campagnes précédentes font l’objet de lourds soupçons : financement libyen (celle de 2007), affaire Bygmalion (2012). La deuxième campagne lui a valu une mise en examen, la première est encore en instruction.