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Libération
EDITORIAL

A Montreuil, il n’y a que des Montreuillois

Vue aérienne datée de juillet 1977 d'une cité à Montreuil-sous-Bois. / AFP PHOTO / - (AFP)
publié le 14 novembre 2016 à 20h26

Petit retour en arrière. La semaine passée, Eric Zemmour a déclaré sur un plateau de télé : «A Drancy, à Montreuil, dans le XVIIIarrondissement, à Stains, partout… Il n'y a quasiment plus de Français blancs.» Et lorsque l'écrivain Raphaël Glucksmann rétorque «Mais vous racontez n'importe quoi ! A Montreuil, par exemple…», Zemmour coupe et dit : «A Montreuil ? Allons à Montreuil.»

Depuis, quelques journalistes se sont rendus en Seine-Saint-Denis, dans la cinquième ville d’Ile-de-France, pour constater la bêtise de Zemmour, mais sans déceler sa particularité. A Montreuil, tout le monde vient de quelque part et a le sentiment d’être chez lui : le Malien, le Gitan, l’Algérien, le Portugais, l’Italien, le Breton, le Normand ou le Parisien qui a franchi le périph… Et peu importe s’il y vit depuis quelques mois ou s’il a ouvert les yeux à l’hôpital intercommunal sur le boulevard de la Boissière (comme l’auteur de ces lignes).

A Montreuil, les habitants ont leur propre langage, emprunté aux manouches. Parfois ça donne : «Il est narvalo le raclo, toutes les nuits il pillave et il pachave la journée au lieu de se trouver un chafrave.» Débrouillez-vous pour la traduction. A Montreuil, il n'y a que des Montreuillois. Après, «blancs» ou pas, tout le monde s'en tape, à part Eric Zemmour.