Benoît Hamon a fixé un rendez-vous à la presse : tous les lundis dans son QG de campagne, au 11e étage de la tour Montparnasse, à Paris. Une occasion de se faire entendre car, pour le moment, le candidat à la primaire de la Belle Alliance populaire a du mal à se démarquer. Les regards se tournent vers Arnaud Montebourg et François Hollande - ce dernier devrait se déclarer, ou pas, au début du mois de décembre (lire ci-contre). Mais l'équipe de Hamon veut y croire, notamment son directeur de campagne, Mathieu Hanotin. Le député de Seine-Saint-Denis répète à l'envi : «Vous verrez, ça va prendre dans les prochains jours et on va occuper l'espace.»
La méthode de Benoît Hamon passe par le fond. Il ne rentre pas dans la guerre de la petite phrase. A chaque fois que les micros s'allument, l'ancien ministre de l'Education express de Hollande défend le revenu universel, le bien-être au travail et une «France métissée». Ce lundi, il a posé une nouvelle ligne de son programme. Debout, face à une poignée de journalistes, Hamon a parlé «démocratie et institutions». Le député des Yvelines a lâché des phrases du genre : «Le citoyen a le droit de vote mais sa voix ne compte pas. Il n'existe pas entre les scrutins.» Du coup, il a décidé de placer le citoyen au cœur des décisions.
Le candidat a insisté sur le «droit d'initiative citoyenne». Concrètement ça veut dire quoi ? S'il est au pouvoir, Hamon prévoit, lors du second tour des législatives, trois référendums : les votants s'exprimeront sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, la reconnaissance du vote blanc et le 49.3 citoyen, qui permettrait à 1 % des inscrits sur les listes électorales (environ 400 000 personnes) de peser sur les décisions. Comment ? En signant une pétition pour «soumettre un texte à l'examen des deux chambres du Parlement, après avis du Conseil d'Etat», le citoyen pourra «proposer à référendum un projet de loi» et «suspendre la promulgation d'une loi».
L'ancien ministre de l'Education souhaite également un septennat unique pour le président de la République et remplacer le Sénat par une chambre citoyenne composée de trois familles : «le collège des territoires», comprenant des élus sur le modèle du Sénat ; «le collège des forces vives», qui agrégerait des représentants du mouvement social comme au Conseil économique et social (Cese) ; et un «collège de citoyens tirés au sort». Attention toutefois, «cette chambre ne sera pas saisie sur tous les textes, mais sur les questions qui concernent l'aménagement du territoire, l'organisation des pouvoirs et les grands textes sur le vivre-ensemble», ajoute Benoît Hamon. Qui souhaite mettre en place une «conférence citoyenne» qui associerait durant un an «les élus du nouveau Parlement et des citoyens tirés au sort», afin de bâtir la Constitution de la VIe République. Bref, une mini-révolution.