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Le nombre de décrocheurs scolaires passe sous les 100 000 par an

98 000 jeunes seraient sortis du système scolaire sans diplôme cette année. Le décrochage scolaire n'a diminué que de 20% depuis 2012.
La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem avait lancé un plan de lutte contre le décrochage en novembre 2014 (Photo Philippe Desmazes. AFP)
publié le 14 novembre 2016 à 16h55

Diviser par deux le nombre de décrocheurs scolaires pour passer de 140 000 à 70 000 par an : c'était un objectif majeur du candidat Hollande. Cinq ans plus tard, la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a annoncé ce lundi que ce nombre était passé en 2016 sous la barre des 100 000 par an, à 98 000 très exactement, selon un indicateur provisoire du ministère. Très loin donc de l'objectif de François Hollande. Mais la ministre s'est tout de même félicitée de cette avancée : «Nous avons cette année passé un cap symbolique très fort (...) C'est encore beaucoup trop, mais de tels résultats doivent nous inciter à renforcer nos efforts, à les amplifier», a-t-elle fait valoir, refusant toute «fatalité».

Selon l'enquête emploi de l'Insee, 107 000 jeunes étaient sortis du système scolaire sans diplôme en 2015 (un chiffre à relativiser puisque les statistiques avaient été réajustées) et 110 000 en 2014.

Pourtant la ministre l'assure : pour 2016-2017, «nos projections nous donnent à voir que nous serons en dessous des 80 000 jeunes sortant du système scolaire sans qualification», car «nos dispositifs montent en puissance».

«Certains pensent qu'il suffit de dire "allez, bougez-vous !" ou de mettre les jeunes dans des casernes pour tout résoudre», a-t-elle dit, taclant sans le nommer l'ancien président Nicolas Sarkozy. «Cela occulte» la «diversité des profils des décrocheurs» et le fait que «si vaincre le décrochage était facile, alors le phénomène aurait disparu depuis longtemps», a-t-elle estimé.

Najat Vallaud-Belkacem avait lancé un plan de lutte contre le décrochage en novembre 2014, après de précédentes mesures prises par ses prédécesseurs Luc Chatel et Vincent Peillon.

De nouvelles mesures sont entrées en vigueur cette année. Elle a ainsi évoqué la possibilité généralisée pour des jeunes en voie de décrochage de faire une pause, dans le cadre d’un stage en entreprise ou d’un service civique, puis de reprendre leur scolarité.

Ou encore le droit pour les recalés au baccalauréat, au brevet de technicien ou au CAP, de redoubler une fois dans leur établissement. «Seuls trois élèves sur dix» ayant raté le bac repassent l'examen en lycée professionnel, n'étant pas sûrs d'être accueillis dans un établissement, a-t-elle souligné.

Depuis cette année également les élèves de seconde professionnelle qui pensent s'être trompés d'orientation ou l'avoir subie peuvent demander à changer de domaine ou de voie jusqu'aux vacances de la Toussaint, une décision laissée in fine à la discrétion des chefs d'établissement.  «On ne peut pas laisser un jeune quitter le système scolaire (...) sans avoir un sentiment de non-assistance à jeunesse en danger», a déclaré la ministre. «Malheureusement, sans diplôme, l'insertion professionnelle est compromise».

Outre un coût humain et social, le décrochage a un coût économique, estimé à 230 000 euros tout au long de la vie adulte d’un décrocheur, a-t-elle souligné.