Menu
Libération
Éditorial

Centrale

Marine Le Pen à Amiens le 23 novembre 2015. (Photo Laurent Troude pour Libération)
publié le 15 novembre 2016 à 20h56

Sans avoir besoin de s’employer, Marine Le Pen pèse déjà de tout son poids sur la prochaine présidentielle. Surfant sur la vague national-populiste tendance antimusulmans qui a (notamment) fait le succès du «oui» au Brexit et de la victoire de Donald Trump. Un cocktail, englobé dans un discours antisystème qui n’est toutefois plus l’exclusive du Front national.

Donnée comme acquise par l’ensemble des enquêtes d’opinion, la qualification de la présidente du FN pour le second tour de 2017 est admise aujourd’hui comme un fait, même plus considérée comme une hypothèse qui peut donc être contredite par les faits au printemps prochain. Aujourd’hui, c’est carrément la possibilité de sa victoire que certains accréditent, parfois sans se priver de mettre de l’huile sur le feu. Il faut certes regarder lucidement le rapport de forces politique dans le pays, mais cette imposition problématique qui s’apparente à un fatalisme démobilisateur n’est pas neutre. Discrète, tapie dans l’ombre, Marine Le Pen est dès lors installée confortablement au centre de 2017.

Si Libération lance ce mercredi «L'œil sur le Front», son observatoire de l'extrême droite et de la droite extrémisée, ce n'est pas pour réserver au parti lepéniste un traitement de faveur ou de défaveur. Simplement affirmer une priorité éditoriale légitime au regard de la dynamique électorale et idéologique d'un parti qui reste à part sur la scène politique française : par son histoire, son rapport à la République et son usage des immigrés dans sa rhétorique de division. Si le Front se rénove en façade, les fondamentaux perdurent et imbibent aujourd'hui une part croissante de la droite. Une fusion idéologique qui, dans bien des domaines, a déjà débordé les «digues» chères aux Chirac, Séguin ou Juppé. Une «trumpisation» au cœur de la primaire de la droite.