Samedi 3 décembre. La Belle Alliance populaire se réunit à Paris pour sa grande convention. Le socialiste est en délire. Jean-Vincent Placé aussi. François Hollande, lui, est absent. Enfin, pour le moment. Il déboule sur scène avec le discours de clôture de Jean-Christophe Cambadélis. Le président parle de la grandeur de la France, du populisme qui gagne du terrain. Il termine par une touche d'humour : «La seule chose qui vous intéresse c'est de savoir si oui, ou non, je suis candidat à la présidentielle. C'est vrai que l'attente a été longue pour vous. Et à vrai dire, pour moi aussi.» La salle se gondole. François Hollande conclut : «La réponse est oui, je suis candidat à la primaire de la Belle Alliance populaire.»
Mardi 6 décembre. François Hollande est en une de Libération. Debout, bras croisés, regard fixe. Le titre : «Pépère se lance». Dans un long entretien – le premier à Libé depuis son arrivée à l'Elysée – le chef de l'Etat défend son bilan avec des phrases du genre: «Non, je n'ai pas trahi la gauche». Puis, il se pose en rempart face à l'extrême droite. Au fil des mots, il se confie: «Oui j'ai hésité, ce n'est pas une décision facile. J'entends la déception mais je vois également l'espoir. C'est pour cette raison que j'ai décidé d'être candidat.»
Dimanche 11 décembre. Les socialistes ont tous en eux quelque chose de Lionel Jospin. Copiant l'ancien Premier ministre de la gauche plurielle en février 2002, François Hollande a déniché un vieux fax dans les combles de l'Elysée pour transmettre sa candidature à l'Agence France-Presse. Un dimanche en fin d'après-midi, histoire d'être repris dans les journaux de 20h. Son communiqué, sibyllin, en rappelle un autre, datant de janvier 2014, qui officialisait sa rupture avec Valérie Trierweiler : «je fais savoir que je mets fin à la longue attente des socialistes et que je souhaite poursuivre ma vie commune avec les Français.»
Mardi 13 décembre. Parce qu'il est de gauche, François Hollande snobe les bons chiffres d'audience de TF1 et choisit le service public. Un mardi soir pour qu'il y ait des enfants devant le poste, cette jeunesse dont il a fait l'unique juge de son quinquennat. «Est-ce que les jeunes vivent mieux aujourd'hui qu'en 2012 ? Je le crois. Mais il faut les protéger d'une droite punitive et d'une extrême droite populiste. J'ai donc décidé de briguer un deuxième mandat». Sans paillettes mais efficace. Et surtout bien plus clair que Lionel Jospin (encore lui). En 2002, le chef de la gauche plurielle se perdait dans le bucolique sur le plateau de France 2 pour expliciter sa candidature: «Vous connaissez ce joli film, Le bonheur est dans le pré, c'est à moi, après cinq ans de gouvernement, attelé à la carriole, à m'ébrouer dans le champ de la démocratie.»
Jeudi 15 décembre. La rue de Solférino s'inquiète. Les inscriptions à la primaire se terminent à la fin de la journée et François Hollande n'a toujours pas déclaré sa candidature. A Matignon, Manuel Valls se tient prêt, au cas où. La veille, il lui a envoyé un texto : «Alors, tu fais quoi ?». Mais pas de réponse. Le président prend la parole à 16 heures 12 sur… Twitter. Il écrit: «J'y vais, avec toi ? #2017». Jean-Christophe Cambadélis le retweete. Pas Manuel Valls.