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Chasse

Macron fait (aussi) la nique aux centristes

L'annonce de sa candidature a Bobigny, fief de l'UDI, n'est pas due au hasard : l'ex-locataire de Bercy tente toujours de rafler des voix au centre-droit.
Déclaration de candidature d'Emmanuel Macron, à Bobigny, le 16 novembre. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 16 novembre 2016 à 18h44
Officiellement, pas de lien de cause à effet entre les déclarations de Jean-Christophe Lagarde qui, dès le lendemain de la démission d’Emmanuel Macron du gouvernement, estimait «avoir des points communs» avec lui et la décision de l’ancien ministre de l’Economie d’annoncer sa candidature à la présidentielle à Bobigny, en plein cœur de la circonscription du patron de l’UDI. L’initiative en revient à Patrick Toulmet, le président de la Chambre des métiers et de l’artisanat de la Seine-Saint-Denis qui, après avoir milité dans les rangs de l’UDI, soutenu le socialiste Claude Bartolone aux dernières régionales, figure maintenant parmi les neuf délégués nationaux d’En marche. «C’est la troisième fois que [Macron] vient en Seine-Saint-Denis», se réjouit-il, soulignant à quel point l’ancien ministre «a toujours été sensible à l’apprentissage et à la formation des chômeurs. Et puis, ce n’est pas anodin qu’il ait choisi de faire cette annonce en banlieue». L’ancien ministre a dévoilé ses intentions élyséennes dans l’un des ateliers du Centre de formation d’apprentis de Bobigny, au cours du Campus des métiers et de l’entreprise. Une opération montée dans le dos de Stéphane de Paoli, maire UDI de Bobigny et homme-lige de Jean-Christophe Lagarde, comme de toute l’équipe municipale.

Un grand arc central qui n’a pas séduit Bayrou 

Mais ce choix de la seule circonscription centriste du département, à quatre jours du premier tour de la primaire de la droite et du centre, ne doit rien au hasard. Emmanuel Macron, qui a déclaré dans son discours de candidature ne vouloir rassembler «ni la gauche, ni la droite» mais «les Français», veut turbuler les clivages pour tenter de créer un grand arc central. Un peu comme François Bayrou, en son temps, avait ambitionné de le faire. Macron avait d'ailleurs sollicité le maire de la capitale du Béarn pour un dîner la veille du départ de l'étape paloise du tour de France. Un tête-à-tête qui n'aura suffi ni à séduire ni à convaincre le triple candidat à l'élection présidentielle. Dès le lendemain de sa démission du gouvernement, François Bayrou le qualifiait sans ménagement de candidat «de la finance et des puissances d'argent». L'intéressé n'a pas apprécié et l'a fait savoir au président du Modem dans une série de SMS.

«Macron vient clairement chasser sur nos terres», constate un cadre de l'UDI. Pis ! Les centristes redoutent que l'entrée sur la scène politique du «golden boy» de la Hollandie et son positionnement ne dissuade une partie de l'électorat de la famille du centre-droit de se rendre aux urnes ce dimanche pour apporter leurs suffrages à Alain Juppé, soutenu par Lagarde comme Bayrou. De quoi donner quelques sueurs froides à tous ceux qui ont rallié l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac et qui voient de jour en jour François Fillon monter dans les sondages et Juppé se tasser un peu. Ils se consolent avec la certitude que si Macron va jusqu'au bout de sa démarche, «la gauche ne sera pas au second tour».