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Libération
EDITORIAL

Volte-face

Emmanuel Macron, le 18 octobre à Montpellier. (Photo Pascal Guyot. AFP)
publié le 16 novembre 2016 à 20h56

On le sait, l’homme a du talent. Il en faut pour passer en deux ans du rôle obscur de conseiller du prince à celui de présidentiable vif-argent. Emmanuel Macron respire l’optimisme et la volonté, il fait souffler un zéphyr de nouveauté sur la vie politique. Sur la droite de la gauche (ou la gauche de la droite), il agite plusieurs propositions décapantes. Il tient un langage clair quoiqu’un peu intello. Il s’adresse avec la même franchise aux jeunes des cités et à ceux des salles de marché. Il vient de la finance mais il plaît au public. Un peu comme la banque populaire…

Encore lui faut-il passer de la faveur sondagière à l'efficacité électorale dans une compétition dont il n'a jamais encore éprouvé les duretés. Pour cela, il devra surmonter l'obstacle de l'incohérence. Il se sépare d'un homme, François Hollande, qui lui a mis le pied à l'étrier avant de le recevoir dans les tibias. La volte-face du cadet est violente, d'autant que la politique qu'il rejette lui doit beaucoup, comme architecte de l'ombre puis comme ministre. La droite et la gauche ne manqueront pas d'appuyer sur ce point faible. Il est vrai que ce peut être un atout d'avoir presque tout le monde contre soi : la tête de turc peut se changer en tête d'affiche. Ceux qui se souviennent du temps jadis rappelleront les exemples de Michel Jobert, autre conseiller passé candidat. Ou encore de Jean-Jacques Servan-Schreiber, autre moderniste virevoltant étouffé par le jeu politique traditionnel. Surtout, Macron veut rassembler les progressistes mais, par la force des choses, commence par les diviser. Si d'aventure la menace d'une droite régressive et d'une extrême droite dopée par l'exemple Trump incite la gauche réformiste à s'unir, son dilemme deviendra aigu : persister et assurer la défaite des mêmes progressistes ou bien se rallier in fine au mécanisme de la primaire, qui a au moins l'avantage de maintenir un petit espoir.