Vous n’avez pas aimé la loi travail ? Vous allez détester les propositions de la droite en matière de droit social. Au programme : plus de flexibilité pour les entreprises, beaucoup plus que celle apportée par le texte de Myriam El Khomri, la ministre du Travail. Et toujours moins de protection pour les salariés.
Sans grande surprise, la suppression des 35 heures demeure la marotte préférée des candidats. Objectif : laisser chaque entreprise négocier son temps de travail hebdomadaire et le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, et ce, grâce au renforcement de la négociation d'entreprise. Sans état d'âme, François Fillon est même prêt à repousser la limite à 48 heures, soit la durée maximale hebdomadaire de travail fixée par l'Europe. Plus modeste, Alain Juppé propose, lui, un temps référence de 39 heures. Autre pan du livre rouge sur lequel les candidats promettent un grand chambardement : le contrat de travail. Qu'il s'agisse d'un nouveau CDD «renouvelable sans limite mais assorti de droits croissants pour le salarié», version Le Maire, ou d'un CDI «sécurisé» définissant dès l'embauche les motifs de licenciement, pour Juppé, la logique reste la même : donner plus de marge aux employeurs pour licencier.
Pénibilité
Mais là n'est pas le seul point commun des candidats de droite, qui se sont trouvé un même ennemi : les syndicats. Objectif : limiter leur rôle dans la vie sociale du pays. Et c'est Le Maire qui en parle le mieux, lorsqu'il promet de «mettre fin au monopole syndical». Parmi les pistes qui font consensus : donner plus de poids au référendum d'entreprise en cas de blocage du dialogue social. Un outil mis en place par la loi travail mais qui, dans la version LR, s'annonce bien plus avantageuse pour les chefs d'entreprise. Autre aspiration : limiter le temps d'action des syndicalistes en réduisant leurs heures de représentation des salariés. Ou encore réduire le nombre d'élus en fusionnant les différentes instances représentatives du personnel, voire en choisissant d'en supprimer certaines. Quant aux commissions paritaires régionales créées par le gouvernement actuel pour défendre les salariés des TPE, elles passeraient à la trappe, en cas d'élection de Sarkozy.
Autre mesure phare du quinquennat de Hollande que les candidats promettent de réduire en miettes : le compte pénibilité. Seul Juppé prône son «remplacement par un système moins complexe». Sans être plus précis. Tant pis, donc, pour les salariés exerçant des métiers pénibles, principaux bénéficiaires de cette mesure censée compenser l'allongement de la durée de cotisation décidée par la gauche en 2014.
Hypocrisie
Pire, si la droite l’emporte, l’âge du départ à la retraite passera à 64 ans selon les vœux de Sarkozy, ou à 65 ans selon les autres candidats LR, contre 62 ans à l’heure actuelle. Une totale hypocrisie, s’étouffe le PS, alors que le gouvernement assure avoir ramené le régime général à l’équilibre, démontrant qu’il est possible de pérenniser le système solidaire sans toucher, à nouveau, à l’âge légal.
Les futurs retraités ne seront pas les seules victimes de la politique de la droite. Plafonnement des allocations chômage, renforcement des sanctions en cas d’insuffisance des recherches d’emploi, baisse de la durée d’indemnisation : les chômeurs devraient aussi en subir les foudres. Tout comme les bénéficiaires du RSA, qui pourraient être obligés d’accepter des offres d’emploi ou de bénévolat. Sur ce volet aussi, la raison ne l’emporte pas toujours : exemple avec la dégressivité des allocations chômage (réduction progressive des droits versés). Une mesure dont l’efficacité est remise en cause par nombre d’études. Et qui apparaît pourtant dans tous les programmes LR.