Le tableau noir, la craie, la blouse ? Pas loin. Lorsqu'il s'agit d'enseignement de l'histoire, Nicolas Sarkozy, François Fillon et Bruno Le Maire célèbrent le «roman national» (pour le premier), le «récit national» (du côté de son ex-Premier ministre). Le dernier passe de l'un à l'autre. A bas la repentance, on préfère exalter les figures glorieuses. Dans son livre, l'ancien président juge que «les manuels scolaires sont là pour faire connaître et aimer notre pays, jamais pour le culpabiliser». Il s'en prend aux «idéologues du "multiculturalisme"», qui «se sont échinés à détruire méthodiquement la transmission de notre histoire nationale». Quant aux étrangers ayant vocation à devenir français, ce partisan de «l'assimilation» les prie de souscrire à cette assertion : «Nos ancêtres sont gaulois.» Fillon fustige, lui, l'«instruction honteuse» qui fait «douter de notre histoire» et «renonce à faire le récit de la nation» : «[Pourquoi] les jeunes Français ignorent-ils des pans de leur histoire ou pire apprennent à en avoir honte ?» Plus nuancé, Le Maire défend «un récit national, avec ses ombres que nous affrontons et ses lumières qui nous portent», tout en prônant une histoire de France qui soit «une fierté nationale». Juppé a pris ses distances avec cette vision instrumentalisée. Au Monde, il prévenait fin septembre : «Ce n'est […] pas aux responsables politiques d'écrire l'histoire. Laissons ça aux historiens.»
A lire aussi, la tribune de J.-P. Rioux page 25.