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Libération
Analyse

Immigration : sur la ligne la plus dure

Les conditions de vie des étrangers vont empirer avec les favoris de la primaire.
publié le 17 novembre 2016 à 20h36

Elles sont exprimées avec des degrés de radicalité variables, mais elles se rejoignent sur le fond. Les propositions des principaux candidats de la primaire sur les questions migratoires témoignent d'une volonté commune de durcir les conditions de vie des étrangers en France. C'est le cas, par exemple, de la réforme du regroupement familial envisagée par Juppé, Sarkozy et Fillon. Ainsi, l'ancien président de la République souhaite le suspendre pendant plusieurs années, proposition qu'il espère soumettre aux Français par référendum. Une mesure qui n'aurait concerné que 12 000 personnes en 2015 et qui n'emporte pas l'adhésion d'Alain Juppé. «Ce n'est pas une attitude humaine», juge celui qui veut conditionner le regroupement familial à l'exercice d'un emploi. Cela ne constituerait pas un changement drastique de la législation en vigueur, puisque la loi exige déjà des «ressources stables et suffisantes» pour faire venir sa famille en France. Dans les deux cas, il y aurait contradiction avec l'article 8 de la convention européenne des droits de l'homme, qui soutient que «toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale». Le duo Sarkozy-Juppé est sur la même ligne dure concernant l'acquisition de la nationalité pour les enfants nés en France de parents étrangers, ce qu'on résume souvent au «droit du sol». Les deux candidats souhaitent conditionner l'accès à la régularité du séjour d'au moins un des parents au moment de la naissance. Sarkozy va même plus loin, évoquant la possibilité pour l'Etat de s'opposer à cette demande si «la commission de crimes et délits ne rend pas sa présence [au requérant âgé de 18 ans, ndlr] souhaitable au sein de la communauté nationale».Fillon est plus prudent : «La France est depuis longtemps un pays acquis au droit du sol, comme d'ailleurs la plupart de ses voisins européens. On ne rejette pas son histoire», avait-il déclaré en 2015. Il est en revanche d'accord avec ses deux rivaux sur la restriction de l'aide médicale d'Etat aux seules «urgences ou maladies graves et contagieuses». Même convergence entre Juppé et Fillon sur la définition d'un plafond annuel d'immigration lors d'un vote au Parlement. Sarkozy va plus loin, prônant de «stopper l'immigration économique durant le prochain quinquennat». Le trio milite aussi pour le rétablissement de la double peine (la possibilité d'expulser des étrangers condamnés par la justice). Une mesure qui pourrait se heurter à la protection de la vie familiale par la CEDH.