Proposition fiscale la plus partagée par les principaux candidats, et qui signe symboliquement le caractère décomplexé des programmes à droite : la suppression pure et simple de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), pour un coût de 5 milliards d'euros pour les caisses de l'Etat. Cet impôt, qui taxe les patrimoines nets à partir de 1,3 million d'euros, «a fait fuir depuis sa création des milliers de détenteurs de capitaux qui auraient pu investir en France», explique Alain Juppé pour justifier sa position. Même raisonnement du côté de Nicolas Sarkozy : «Si nous sommes les seuls, ou quasiment, à choisir l'ISF, nous poussons alors, par un mouvement naturel, nos concitoyens les plus aisés, les plus entreprenants, les plus inventifs, à choisir d'investir leur patrimoine ailleurs.» L'ISF, une «spécificité française» qui bride «le dynamisme de l'économie et la compétitivité», juge pour sa part François Fillon.
Signe du changement d’époque : le dernier à s’y être essayé fut Jacques Chirac, qui, comme Premier ministre en 1986, abrogea l’IGF (impôt sur les grandes fortunes), mis en place par François Mitterrand en 1982. La mesure sera rétablie deux ans plus tard par la gauche sous le nom d’ISF.
Bref, depuis trente ans, personne à droite n’avait osé remettre en cause cet impôt qui touche les plus aisés, certains considérant que sa suppression par Chirac avait contribué à son échec à la présidentielle deux ans plus tard. Aujourd’hui, c’est devenu un argument de campagne.