L’occasion n’a pas fait le larron. François Hollande, en visite à Lyon ce jeudi au côté de la ministre de la fonction publique, Annick Girardin, n’a pas dévié d’un iota de sa ligne de président-qui-travaille. Sa venue dans le fief du sénateur-maire PS Gérard Collomb, premier soutien d’Emmanuel Macron, le lendemain de la déclaration de candidature à l’élection présidentielle de son ex-ministre de l’Economie, n’a donné lieu à aucune allusion. Et Collomb, en froid avec les instances nationales socialistes, s’est, lui, bien gardé d’honorer de sa présence la visite du président de la République.
La veille, le Lyonnais minaudait sur C8, déclarant qu'il «ne se voyai[t] pas du tout Premier ministre de Macron». Ce jeudi matin, il a profité du plateau de Télématin pour rhabiller l'exécutif pour l'hiver, considérant notamment le Premier ministre comme le valet d'une cause perdue : «Si Manuel Valls avait écouté un peu plus, il aurait pu avoir la trajectoire d'Emmanuel Macron. […] Manuel Valls est aujourd'hui dans la peau du conservateur qui défend le pré carré socialiste.» Avant de faire valoir ses talents d'oracle : «J'ai dit dès le mois de mars que si François Hollande ne retrouvait pas la confiance des Français, il ne devrait pas se représenter.»
Etre fonctionnaire, c’est…
Lors de son discours devant un parterre de fonctionnaires, qui a clôturé deux mois de consultations sur la «réinvention» de la fonction publique, le président de la République a pris soin d'évoquer, à de plusieurs reprises, «l'avenir». Et de marteler l'importance de ceux «qui représentent tout ce qui fait que nous sommes ensemble dans la République» : «Etre fonctionnaire, ce n'est pas un métier comme un autre. […] Etre fonctionnaire, c'est prendre toute sa part dans la cohésion de la nation, c'est avoir le visage de la solidarité et de l'action. C'est aussi être au service de l'économie, une dimension que l'on ne souligne pas suffisamment. […] Etre fonctionnaire, c'est être présent sur tous les territoires, y compris les plus fragiles», a déclaré Hollande, défiant ceux qui «s'interrogent aujourd'hui sur le statut de la fonction publique».
Soit l’ensemble des candidats à la primaire de la droite, qui ont consacré une partie de leurs débats à spéculer sur le sujet. Moins 500 000 en cinq ans (Fillon, NKM et Le Maire), moins 300 000 (Sarkozy), moins 200 000 (Juppé, Copé) : pour soulager le budget de l’Etat, tous (à l’exception de Poisson) préconisent une baisse drastique du nombre d’agents – qui étaient 5,6 millions en 2014, répartis entre la fonction publique territoriale, étatique et hospitalière. Les leviers qu’ils privilégient : le non-remplacement des départs à la retraite et la modulation du temps de travail (généralisation des 35 h pour les uns, passage plus ou moins progressif aux 39 h pour les autres).
«Je ne participerai pas à cette surenchère»
«Je ne céderai pas là-dessus, je ne participerai pas à cette surenchère : nous ne pouvons pas donner comme seul objectif à une nation de réduire le nombre d'agents qui la servent», leur répond Hollande. Certes, la droite souhaite sanctuariser certains domaines, mais «sans jamais préciser» lesquels, relève-t-il. La police ? La justice ? L'éducation ? La diplomatie ? «Tout est prioritaire», insiste le président. Car c'est «la capacité à vivre ensemble qui se joue à travers du service public face aux attaques terroristes».
Il s'accoude au pupitre : «Vous savez, j'ai vécu comme président, hélas, des catastrophes, j'ai vu aussi ce que peuvent représenter des attentats terribles, des événements particulièrement dramatiques, je pense aux victimes, aux familles, mais aussi à la mobilisation de toute notre fonction publique dans ces épreuves-là. […] Je voulais vous témoigner ma reconnaissance.» Avant de conclure : «Moi, je suis fier des fonctionnaires français.» Une déclaration d'amour convenue pour un président de gauche, mais dont il aurait eu tort de se priver, à quelques heures du dernier débat de la primaire de la droite.