Menu
Libération
Rase campagne

Prélèvement à la source: pour l'exécutif, le cafouillis jusqu'à la lie

Sur fond de démobilisation socialiste, les députés de droite ont réussi ce jeudi à retarder l'adoption de la mesure phare du projet de loi de finances.
22 députés de droite ont réussi à faire passer un amendement retardant l'arrivée du prélèvement à la source. (Photo Lionel Bonaventure. AFP)
publié le 17 novembre 2016 à 18h46

Une mesure hautement symbolique après un quinquennat dominé par les polémiques fiscales. Qui plus est, un dispositif réclamé et brandi comme un étendard par le chef de l’Etat en personne. Et, finalement, un nouveau raté parlementaire. La réforme phare du projet de loi de finances 2017 – le prélèvement d’impôt à la source – est devenue vendredi la dernière victime en date du climat de déprime qui règne au sein de la majorité. Dans un hémicycle en partie délaissé par les députés socialistes, l’article 38 a été vidé de son sens par l’adoption à main levée d’un amendement préparé par une élue Les Républicains prévoyant l’instauration d’un prélèvement mensuel obligatoire.

Le gouvernement a beau jeu d'expliquer que ce recul n'est que temporaire – il va déposer une nouvelle version de l'article et faire procéder à une deuxième délibération, probablement vendredi après-midi –, le coup est spectaculaire. «Bercy n'a pas mis les warnings là où il fallait et le jour du dernier débat entre candidats à la primaire de droite, on est mis minable», se désole un socialiste légitimiste – il n'en reste pas des masses.

Désertion

Après avoir mobilisé la majorité à coups de SMS pour venir repousser les amendements de suppression du prélèvement à la source de la droite dans la matinée, le groupe socialiste n'a pas vraiment vu venir l'amendement de la députée sarkozyste Marie-Christine Dalloz en milieu de journée. Du coup, il a été voté à main levée, par 22 voix contre 21. Catherine Vautrin, autre soutien de Nicolas Sarkozy, présidait alors la séance dans l'hémicycle. «Ils sont organisés, nous non», lâche un élu socialiste.

Selon le ministère des Finances, l'adoption de cet amendement ne change pas le sujet du décalage de l'impôt. Soit. Mais cela fait tache. Selon plusieurs députés présents en séance, aucun conseiller parlementaire de l'Elysée, Matignon ou de la présidence de l'Assemblée n'assistaient aux débats jeudi midi. Ni le président du groupe socialiste, alimentant un peu plus le sentiment de désertion générale. En pleine primaire de la droite, la majorité rejoue donc le même scénario qu'il y a trois semaines, entre impréparation et défaut de mobilisation, quand les députés de la majorité ont imposé leurs choix au gouvernement sur la Taxe sur les transactions financières (TTF) ou la fiscalisation des actions gratuites. Mais pour la députée des Hautes-Alpes Karine Berger, «c'est pire cette fois : c'est la bataille contre la droite qu'on a perdue sur un sujet ô combien symbolique».