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Qui est Jean-François Delfraissy, le nouveau président du Comité consultatif national d'éthique ?

Efficace et apprécié, le directeur de l'Agence de recherche sur le sida a été proposé ce jeudi à la tête de l'institution, après l'officialisation (surprise) du départ de Jean-Claude Ameisen.
Jean-François Delfraissy à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), en février 2015. (Photo Jean-François Monier. AFP)
publié le 17 novembre 2016 à 17h22

Le professeur Jean-François Delfraissy va devenir le futur président du Comité consultatif national d’éthique. Une surprise, en tout cas dans son timing. On savait que l’actuel directeur de l’Agence de recherche contre le sida, l’ANRS, devait quitter prochainement son poste, mais comme il préside le congrès mondial sur le sida qui se tient en juillet prochain à Paris, les observateurs ont pensé que le professeur Delfraissy resterait à son poste jusqu’à l’été.

De fait, tout s'est accéléré lorsque l'actuel président du président Comité national d'éthique, le professeur Jean-Claude Ameisen, après deux mandats de deux ans, a fait savoir qu'il ne voulait pas poursuivre. Jeudi, un communiqué de l'Elysée a donc bousculé le tempo : «Le Président de la République envisage de nommer M. Jean-François Delfraissy en qualité de président du Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé, en remplacement de Jean-Claude Ameisen, qui n'a pas souhaité être renouvelé dans cette fonction. Le président de l'Assemblée nationale et le président du Sénat sont saisis de ce projet de nomination, afin que la commission intéressée de chacune des assemblées se prononce.»

Il joue collectif

Une nomination qui est aussi singulière. Jean-François Delfraissy n’a pas un parcours d’éthicien, mais plutôt celui d’un grand médecin, marqué et façonné par la lutte contre le sida, avec une autre façon de faire de la recherche, le souci de préserver la place nouvelle prise par les patients, mais l’exigence d’une coopération réelle entre les pays du Nord et du sud. Cet immunologiste, longtemps chef de service au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), n’est pas loin, bien sûr, de l’image du grand mandarin, mais il a une particularité assez rare : il joue collectif. Et il est apprécié de tous. Ainsi, dans le monde parfois égocentrique de la planète sida, Jean-François Delfraissy détonnait, toujours aimable, détestant les conflits, n’aimant pas se faire remarquer, mais aussi efficace.

«Il parvient à faire travailler les gens ensemble», nous disait le professeur Pierre-Marie Girard, ami proche. Qui poursuivait : «Il est au-dessus des petites querelles de village. En même temps, il sait être éminemment politique.» Récemment, il s'est occupé du plan Ebola en France, avec beaucoup d'habileté et de persévérance. Jean-François Delfraissy est croyant. Ne s'en cache pas. «Je ne l'ai jamais vu imposer ses idées ou sa morale, insiste un autre de ses proches. Et puis les années sida lui ont appris à s'ouvrir à tout.»

Timidité

A la tête du CCNE, sa tâche ne sera pas simple. Ces dernières années, ce dernier a paru comme sur la réserve, presque en retrait. Sur les grandes questions, comme celle de la fin de vie ou des fécondations artificielles, les derniers avis rendus ont pu décevoir par leur timidité. Sous la présidence de Jean-Claude Ameisen, le Comité a ainsi cherché à réfléchir sur les grands thèmes qui traversent la société plutôt que de répondre à des questions plus précises. Cette nomination, en tout cas, laisse ouverte la direction de l’ANRS. Le professeur Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat, est pressenti, parmi d'autres, pour succéder à Delfraissy.