Pour François Fillon, l’enjeu était évidemment crucial. Ce troisième débat pourrait-il confirmer et amplifier le mouvement enclenché par les précédents? La dynamique enregistrée par les derniers sondages lui permet d’espérer, si elle se confirme, une place en finale.
Très concentré, mais plus souriant que lors des deux précédentes soirées télévisées, l’ancien Premier ministre avait bien l’intention de démontrer qu’il n’était décidément pas - ou plus - l’éternel numéro 2 que veulent faire de lui ses concurrents. C’est ainsi qu’on l’a vu s’efforcer de prendre la main sur le débat, interrompant par exemple d’un «nous sommes tous d’accord», le réquisitoire de Nathalie Kosciusko-Morizet contre la réforme des rythmes scolaires.
Coup de gueule
Il a surtout, dans la dernière partie de l'émission, énergiquement protesté contre la proposition de David Pujadas qui invitait les concurrents à s'interpeller les uns les autres. Cela ouvrait une séquence potentiellement très prometteuse pour les amateurs de catch politique. «Nous ne sommes pas des commentateurs. Nous ne sommes pas là pour nous interroger les uns les autres. Ce n'est pas un spectacle, les Français veulent savoir ce que nous proposons» s'est emporté l'ancien Premier ministre. Une sortie caractéristique du style Fillon toujours attaché à défendre la «dignité» du débat politique.
Grâce à ce coup de gueule, il s'est clairement placé au centre du débat. C'est autour de sa proposition de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires en imposant le passage aux 39 heures dans la fonction publique - «question fondamentale» selon lui - qu'ont tourné ses échanges avec ses deux principaux concurrents, Sarkozy et Juppé. Et c'est encore son ambition de porter «un programme de rupture» qui a été critiqué et attaqué par Copé qui y a vu une «imposture». Ladite rupture n'avait-elle pas déjà été promise en 2007 par le duo Sarkozy-Fillon?
Cette attaque a offert au député de Paris la possibilité de répliquer tranquillement que l'ancien chef de l'Etat avait bien été élu sur un «contrat démocratique» en 2007. Et ce contrat a bien été «exécuté». Mais il se trouve qu'il était «insuffisant» puisqu'il ne prévoyait ni la fin des 35 heures ni une réduction drastique de la dépense publique que propose désormais le candidat Fillon.
«Contredire les sondages et les médias»
Dans sa conclusion, il s'est présenté comme le porteur d'un «programme de liberté dans le respect des traditions». Plutôt à l'aise, visiblement confiant, il a invité les électeurs à ne pas avoir «peur de contredire les sondages et les médias». Visant implicitement la frange la plus indécise des électeurs de Juppé, ceux qui sont principalement animés par la volonté de faire barrage à Sarkozy, il leur a indiqué qu'ils n'étaient pas condamnés à «choisir un candidat pour en éliminer un autre». Ce serait, a-t-il crânement ajouté, «le seul choix digne de la France». Selon un sondage Elabe pour BFMTV, il aurait été jugé «le plus convaincant» par 39% des électeurs de la droite et du centre, devant Sarkozy (26%) et Juppé (25%).