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La semaine où... Emmanuel Macron a officialisé sa candidature à la présidentielle

Mercredi matin, Emmanuel Macron s'est lancé dans le grand bain. «Je suis candidat à la présidence de la République», a-t-il lancé depuis Bobigny, levant ainsi un secret de polichinelle.
Emmanuel Macron à Strasbourg le 4 octobre. (Photo Pascal Bastien. Divergence)
publié le 19 novembre 2016 à 15h01

Il y avait d'abord eu le lancement de En marche, le 6 avril dernier. Avec son mouvement revendiqué comme n'étant «ni à gauche, ni à droite», Emmanuel Macron clamait haut et fort son positionnement hors des appareils politiques. Une place de choix à l'heure où nombre d'électeurs se montrent défiants envers les partis politiques. Une volonté claire, surtout, de se démarquer de la politique gouvernementale pour celui qui était à l'époque encore locataire de Bercy.

Puis il y eut la deuxième étape : sa démission, le 30 août, de son poste de ministre de l'Economie. «La meilleure façon d'être utile», estime-t-il sur le plateau de TF1. Si l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée ne fait pas mystère de ses intentions, il conditionne toutefois sa participation au scrutin présidentiel à l'absence de son ancien mentor François Hollande.

Fin d’un jeu de dupe

Après trois mois d'un vrai-faux suspense, Emmanuel Macron s'est donc lancé dans le grand bain mercredi, depuis un centre de formation à Bobigny : «La responsabilité du président de la République est immense, j'en suis pleinement conscient. Un président n'est pas simplement investi d'une action, il porte aussi – de manière moins visible – les valeurs de notre pays, la continuité de son histoire, et de manière cachée la vigueur et la dignité d'une vie publique. Je sais cela, j'y suis prêt. C'est pourquoi je suis candidat à la présidence de la République.»

Largement commentée par ses concurrents politiques, qui s'accordent à dire qu'elle n'est «pas une surprise», cette annonce fait néanmoins bouger les lignes. Et redistribue les cartes.

«Ça change la donne»

Epine dans le pied du Parti socialiste, qui s'écharpe déjà sur l'organisation de sa primaire – en attendant de savoir si François Hollande se lancera dans la bataille –, la décision du jeune loup bouscule également à droite. «La candidature d'Emmanuel Macron, ça change la donne», admet Bruno Le Maire, l'un des rares à ne pas nier que la proximité des propositions de l'ancien banquier avec celles de certains candidats à la «primaire de la droite et du centre» sur les questions économiques pourrait poser problème.

Face au tapage médiatique provoqué par l’officialisation de cette candidature, les soutiens d’Alain Juppé montent au front dès le lendemain matin. But de la manœuvre : mettre coûte que coûte en lumière les points de divergence entre Macron et le maire de Bordeaux, considéré comme étant celui qui partage le plus d’idées communes avec l’ex-ministre.

Si Benoist Apparu martèle voir «une vraie différence» entre les deux hommes, Valérie Pécresse crée – dans un lapsus – le personnage d'«Alain Macron». Preuve, s'il en est, que la présence du fondateur d'En marche occupe une place d'importance dans certains esprits.

Le néophyte et le bilan

Désormais lancé, Emmanuel Macron a désormais six mois pour convaincre. Encore inconnu du grand public à l’été 2014, l’homme de 38 ans a pour lui une ascension fulgurante, une entrée récente dans la sphère politique et incarne donc, d’une certaine façon, le renouvellement de la classe politique exigée par une large frange des électeurs.

Néanmoins, son rôle de conseiller auprès de l’impopulaire François Hollande puis son passage au ministère de l’Economie le contraignent également à défendre un bilan. Et ses quatre ans d’action (deux à l’Elysée, deux à Bercy) seront difficilement dissociables de la politique gouvernementale…

Pis, la faillite de Megabus, l'une des nombreuses compagnies d'autocars nées de la loi Macron, ne devrait pas faciliter les choses pour celui qui se rêve désormais en chef d'Etat.