L'échec était digéré dans le camp de Bruno Le Maire avant même l'ouverture du scrutin. La mise en scène du «renouveau», martelée comme un slogan publicitaire, aura permis au député de l'Eure de se hisser, pendant quelques mois, à mi-chemin entre Nicolas Sarkozy et François Fillon. Tout s'est effondré en quelques jours. Et tandis qu'il dévalait le toboggan, le candidat voyait monter en flèche l'ancien Premier ministre qui faisait de la sobriété sa marque de fabrique. «Ce dénouement est un cas d'école. Il nous en dit long sur les limites de la communication politique», explique à Libération un sondeur. Après ses prestations très décevantes dans les débats télévisés, Bruno Le Maire a reconnu qu'il s'était lui-même enfermé dans un personnage fabriqué. «Il y avait un décalage évident entre ce qu'on a voulu porter dans cette campagne et ce qu'incarne vraiment Bruno», constate le député LR de l'Ain Damien Abad, qui reste, après la défaite, l'un de ses plus ardents soutiens.
Candidat contre Sarkozy à la présidence de l'UMP en décembre 2014, Le Maire a rendu impossible le retour en «homme providentiel» de l'ancien chef de l'Etat. Cela reste son grand fait d'armes. En raflant près de 30 % des suffrages des militants UMP, il démontrait que le revenant n'avait plus rien d'un leader naturel. Nicolas Sarkozy ne pouvait plus, dès lors, prétendre enjamber la primaire comme une simple formalité. Il ne pouvait plus s'opposer à une élection véritablement ouverte et supervisée par une autorité indépendante. C'est d'ailleurs à l'un des proches de Bruno Le Maire, Thierry Solère, que sera confié le soin d'organiser cette primaire de la droite et du centre. Qui, in fine, le sortira du jeu.