Menu
Libération
Edito

Sarkozy kärchérisé

L'allocution de Nicolas Sarkozy après sa défaite. (Photo Laurent Troude pour Libération)
publié le 21 novembre 2016 à 0h04

Kärchérisé… Courant comme un dératé dans le couloir de droite, Nicolas Sarkozy a eu beau multiplier les provocations verbales, les meetings en forme de «stand-up», les signatures de livres à la Marc Levy avec foules hystériques et rombières en pâmoison, rien n'y a fait. Il est éliminé par un Droopy, aussi bonnet de nuit qu'il était adepte du chapeau pointu et de la langue de belle-mère. Le clown blanc a eu raison de l'auguste. Pour un peu, Sarkozy va nous manquer… Même si la réaction civique, pour parler plus sérieusement, est salutaire. Sans doute y a-t-il, chez les conservateurs, un surmoi qui continue à favoriser les candidats propres sur eux, qui ne boivent pas dans les rince-doigts, qui ne se remarient pas avec une top-model rive gauche, qui ne trainent pas une batterie de casseroles à leurs basques, qui ne sont pas des sang-mêlés et qui n'auraient pas l'idée de dire «casse-toi pauv' con» mais préfèrent susurrer «passez votre chemin, mon brave». Cette bourgeoisie bienséante qui préfère une réaction politique de bon ton à un feu d'artifice lepénoïde a fait la fortune de Fillon. Le «blast» des sarkozystes a fait plouf.

C’est le blast Fillon qui s’impose. Les gens de gauche qui sont allés aux urnes pour s’assurer que le vilain petit canard ne pourrait plus voler peuvent se satisfaire de ce résultat. A deux nuances près. Après plus ample examen, ils s’apercevront que le programme du vainqueur n’est guère plus progressiste que celui du banni. Et que face à Juppé, celui de Fillon est de loin le plus droitier. Ils risquent de devoir reconnaître qu’on est passé d’un Charybde criard à un Scylla plus terne mais tout aussi redoutable. Ils pourraient aussi constater que si le trumpisme à la française est expulsé du conservatisme façon LR, c’est qu’il est tout entier concentré un peu plus à droite, dans ce Front national qui attend son heure.