Jeanne, le microparti de Marine Le Pen, est de nouveau dans le viseur de la justice. Le parquet de Paris a ouvert une nouvelle information judiciaire sur des soupçons d'escroquerie dans le financement des dernières campagnes électorales du Front national, a indiqué ce mardi une source judiciaire, confirmant une information de Mediapart.
Cette enquête, qui porte sur la période allant de 2014 à 2016, a été ouverte le 26 octobre contre X pour «escroqueries», «recels d’escroquerie», «abus de biens sociaux», «recels d’abus de biens sociaux» et «blanchiment», et confiée à des juges d’instruction, a précisé la source. Le parti et deux de ses cadres ont déjà été renvoyés en procès début octobre, notamment pour des soupçons d’escroquerie aux frais de l’Etat, lors des législatives de 2012.
Selon le site d'investigation, le service antiblanchiment Tracfin a transmis à la justice en juin dernier un signalement portant sur des «flux de plusieurs millions d'euros jugés suspects» sur les comptes bancaire du micro-parti de la présidente du Front national et de son prestataire Riwal.
#Jeanne, #Riwal: la justice a reçu de Tracfin un signalement sur des flux suspects de plusieurs millions € entre janvier 2014 et avril 2016.
— Marine Turchi (@marineturchi) November 22, 2016
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Plusieurs personnes morales et physiques sont concernées par ce signalement, selon Mediapart. Parmi elles, l’association Jeanne et ses deux trésoriers successifs : l’actuel, Axel Loustau, récemment nommé dans la cellule «finances» du FN pour la campagne 2017, et l’ancien, Olivier Duguet. Un autre proche de Marine Le Pen est également visé : Frédéric Chatillon, prestataire du Front national en 2012 avec sa sociaté de communication Riwal, ainsi que son groupe ERER et la société Unanime, également prestataire du FN en 2012, et dirigée par l’une de ses proches, Sighild Blanc.
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Joint par Médiapart, le trésorier de Jeanne Axel Loustau indique n'avoir «aucun commentaire à faire sur une enquête dont [il] n'étai[t] pas informé». «Il n'y a aucun flux suspect sur les comptes de mes sociétés, qui sont attentivement surveillés depuis bien longtemps et soumis au contrôle d'un commissaire aux comptes !», a de son côté réagi Frédéric Chatillon.
Jeanne et Riwal ont déjà fait l'objet d'une enquête pour des faits présumés de financement illégal lors de la campagne de 2012. Dix personnes physiques et morales, dont deux hauts dirigeants frontistes et le Front national lui-même, ont été renvoyées en correctionnelle en octobre dernier, soupçonnées d'avoir surfacturéss des kits de campagne obligatoires au détriment de l'Etat. L'instruction avait été ouverte en avril 2014 par les juges Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi, qui ont clôturé leurs investigations en janvier. Entendue, Marine Le Pen, qui avait été placée sous le statut de témoin assisté, ne sera pas jugée.