Philippe Goujon, maire Les Républicains du XVe arrondissement de Paris, semble avoir un problème avec l'accueil des populations défavorisées. L'édile s'était déjà fait remarquer au mois de juin en barrant l'accès d'un gymnase de l'arrondissement où devaient être hébergés, temporairement, des migrants évacués de leur campement parisien. Cette fois, la municipalité a décidé d'empêcher une vingtaine d'enfants scolarisés à l'école polyvalente des Frères Voisin de déjeuner à la cantine scolaire. Motif : ces élèves bénéficient déjà d'un repas de midi dans le centre d'hébergement d'urgence où ils logent.
Un «doublon injustifié», selon un texte de Jean-Baptiste Menguy, l'élu du XVe délégué à l'Education et à la caisse des écoles - la structure gérant les cantines - que Libération a pu consulter. Pour lui, les enfants doivent donc, lors de la pause déjeuner, faire l'aller-retour entre l'école et le centre d'hébergement du Colonel Avia, également situé dans le XVe arrondissement. Cette structure, ouverte il y a un an, doit fermer ses portes au mois de mars. Gérée par Emmaüs Solidarité, elle accueille 167 personnes vivant en famille. Certaines sont de nationalité française, d'autres viennent d'Afrique subsaharienne ou sont d'origine rom. Leur intégration dans le quartier s'est bien déroulée. «Pour ces enfants, déjeuner à la cantine est un moyen de s'intégrer. Ils sont demandeurs, comme le corps enseignant», explique Delphine Camps, de l'association de parents d'élèves FCPE. Mais Jean-Baptiste Menguy assume sa décision. «La convention liant Emmaüs à la ville de Paris prévoit qu'un repas soit servi le midi aux personnes hébergées dans le centre, dont les enfants. Il ne peut y avoir de repas à la carte.»
Il assure néanmoins être prêt à ouvrir les portes de la cantine si les familles s’engagent à payer le tarif social le moins élevé, soit 13 centimes le repas. De quoi lever un blocage qu’il a en bonne partie suscité ? Des tractations sont en cours.