Depuis plusieurs mois, les soutiens de Jacqueline Sauvage s’étaient faits discrets pour ne pas compromettre par une médiatisation intempestive le sort de cette sexagénaire - que son parcours judiciaire a érigé en symbole des femmes victimes de violences conjugales. Après un premier refus du tribunal d’application des peines de Melun (Seine-et-Marne), c’est la cour d’appel de Paris qui a rejeté jeudi sa demande d’aménagement de peine, à laquelle le parquet général ne s’était pourtant pas opposé.
Les avocates de Jacqueline Sauvage, 68 ans, se sont dites «consternées» et ont promis d'aller «jusqu'au bout» de leur combat pour faire libérer cette femme qui a vécu quarante-sept ans de calvaire conjugal avant de tuer, le 10 septembre 2012, son époux de 65 ans de trois coups de fusil dans le dos, à La Selle-sur-le-Bied (Loiret). Mes Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta ont annoncé qu'elles comptaient se pourvoir en cassation contre un arrêt qui «n'a pas tenu compte des pièces fournies», et qu'elles envisagent une nouvelle demande de libération après en avoir discuté avec leur cliente. Dans son arrêt, la cour d'appel estime que Jacqueline Sauvage continue «à se poser en victime […] tout en remettant en question l'élément d'intentionnalité», et que «sa réflexion demeure pauvre et limitée puisqu'elle peine encore à ce jour à accéder à un réel et authentique sentiment de culpabilité». Plusieurs associations, dont Osez le féminisme et les Effronté-e-s, ont dit leur «révolte». En l'état actuel du dossier, compte tenu des remises de peine, Jacqueline Sauvage serait libérable «entre avril et juillet 2018», selon ses conseils.