Menu
Libération

Pour battre Hollande, Montebourg tend la main droite

Sur RTL jeudi, le candidat a appelé les électeurs du camp opposé à voter contre le Président à la primaire de gauche. Malgré un correctif à l’antenne, il est critiqué par des socialistes.
publié le 24 novembre 2016 à 20h16

C'est ce qui s'appelle une boulette. Invité jeudi matin sur RTL, Arnaud Montebourg s'est un poil emballé dans son appel aux citoyens «à venir massivement à la primaire de la gauche» pour «imposer leur point de vue». Sous-entendu : battre François Hollande. Quand la journaliste lui demande s'il appelle «tous les Français, y compris les électeurs de droite qui voudraient, comme certains à gauche voulaient se débarrasser de Nicolas Sarkozy, se débarrasser de François Hollande», le candidat acquiesce : «Il y en a. J'en rencontre. Je les invite à venir à la primaire […] participer finalement au choix politique de l'avenir du pays et d'y participer à leur manière, et je leur propose de battre le président de la République avec ma candidature.»

«Indigne». Drôle d'idée, pour celui qui demandait aux électeurs de gauche de rester à la maison dimanche dernier, d'appeler ceux du camp d'en face à venir l'aider. «Un petit trou d'air», selon son entourage, corrigé très vite, dès la fin de cette même interview : «Non, non. J'invite les électeurs de gauche et tous ceux qui veulent bien se joindre. Vous savez, il y a beaucoup de gens qui ne savent pas ce qu'ils sont mais ils savent ce qu'ils ne veulent pas et je les y invite.»

«Le fond de sa pensée est que plein de gens ne se reconnaissent plus dans la gauche et la droite, le défend son directeur de campagne et élu francilien, François Kalfon. C'est un simple aléa de campagne. Il a corrigé en direct.» Sur Twitter, les proches de l'ex-ministre ont multiplié les messages pour que l'on ne retienne que le correctif. Sans convaincre quelques fidèles de Hollande, qui ont accusé Arnaud Montebourg de vouloir détourner la primaire. «Socialistes, halte au Hollande bashing ! Indigne l'appel d'Arnaud Montebourg aux électeurs de droite pour voter à la primaire de gauche», a ainsi dégainé l'ancien secrétaire d'Etat Kader Arif.

Les présidents des groupes parlementaires, Bruno Le Roux et Didier Guillaume, ainsi qu'un autre fidèle de François Hollande, François Rebsamen, patron des élus locaux PS, ont carrément saisi la Haute Autorité éthique (HAE) chargée de la bonne tenue de la primaire. «Cette déclaration nous apparaît en totale contradiction avec les règles d'éthique et l'esprit qui doivent présider à l'organisation de ce scrutin», écrivent-ils dans un courrier rendu public par l'AFP jeudi soir. Trois jours après la saisine de cette même HAE par Montebourg au sujet des conditions d'organisation de la primaire, ces grognards hollandais réclament «une campagne loyale» des candidats et «une adhésion aux valeurs de gauche» de la part des électeurs. Pour l'équipe du «Projet France»,cette polémique tombe mal : difficile de se présenter en candidat capable de «rassembler la gauche» tout en envoyant des signaux au camp d'en face. Cet épisode risque en tout cas de handicaper une campagne qui a du mal à décoller.

Voyages. L'entourage d'Arnaud Montebourg veut faire oublier l'épisode en continuant sa campagne de «terrain». Ses parrainages, puisés parmi les conseillers départementaux et régionaux, devraient être annoncés début décembre, après un déplacement à Pau. Un meeting est aussi prévu à Dijon, le 7 décembre, puis un voyage de trois jours en Algérie. Mais les voyages européens annoncés cet automne ont été reportés. «Il faut en garder pour après la primaire», dit un de ses proches. A condition de ne pas la rater.