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Analyse

Taubira, Aubry et Hidalgo Un «carrefour des gauches» à la croisée des chemins

Evénement devenu rare depuis 2012, une rencontre mêlant socialistes, écologistes et communistes est organisée ce samedi autour de ce trio populaire. Une pierre jetée dans le jardin de Valls, tout en préservant Hollande, qui sert avant tout à préempter l’après-2017.
Martine Aubry, Christiane Taubira et Anne Hidalgo (de g. à dr.)
publié le 25 novembre 2016 à 20h46

Le casting a de l’allure. Ce samedi à Bondy (Seine-Saint-Denis), on verra des socialistes, des écologistes et même un communiste sur une même tribune. Une chose rare depuis 2012. Dans ce «Carrefour des gauches et de l’écologie», on pourra aussi entendre trois femmes, Martine Aubry, Anne Hidalgo et Christiane Taubira, intervenir devant 200 à 300 personnes. Trois femmes qui, si elles se lançaient dans la primaire de gauche, bousculeraient le jeu.

Mais, sauf surprise, aucune ne sera en lice les 22 et 29 janvier. La maire de Lille a déjà dit cet été qu'elle ne serait «pas candidate». Celle de Paris, rêvée par des socialistes à la recherche d'une alternative à Hollande comme à Valls, ne veut pas quitter la capitale qu'elle administre depuis 2014. «C'est une certitude, appuie Emmanuel Grégoire, patron de la fédération PS de Paris. Elle ne souhaite pas laisser planer le moindre doute.»

Reste l'ex-ministre de la Justice : si elle n'a pas fermé la porte à 2017 et que 30 000 personnes ont signé, vendredi, une pétition appelant à sa candidature, Taubira a toujours laissé entendre qu'elle ne se présenterait pas contre Hollande, avec lequel elle a affiché, depuis son départ du gouvernement en janvier, une certaine complicité. «Elle veut bien prendre part à une solution collective mais pas être un coup», fait savoir la députée PS Sandrine Mazetier, qui sera présente ce samedi à Bondy tout comme le président de l'Assemblée, Claude Bartolone, local de l'étape. «Ce sont des peureuses, tape une parlementaire. Si l'une d'entre elles se décidait à y aller, elle l'emporterait… Elles le savent.»

«Ça sert à quoi ?» Tout ça pour finir en soutien de Hollande si ce dernier reprenait certaines de leurs propositions ? «Ça n'augure aucun rapprochement, d'aucune sorte», balaie François Lamy, fidèle d'Aubry. En revanche, l'opération est clairement anti-Valls. «On ne se retrouve pas dans ce débat des gauches irréconciliables et on ne croit pas à l'alliance des progressistes», poursuit le député aubryste Jean-Marc Germain. A défaut d'avoir un(e) candidat(e), le mot d'ordre de ce samedi est donc «le fond». Outre les interventions politiques, les aubrystes ont convié des intellectuels et associatifs pour échanger sur les «fractures sociales, culturelles et territoriales», parler de «travail», «juste-échange» et lutte contre le réchauffement climatique. Mais aussi «rassemblement de la gauche» et nouvelles idées. «C'est le rassemblement des derniers hollandais», sourit un participant.

«Les aubrystes font des tribunes et des meetings sur le fond, and so what ? Ils ont un problème d'incarnation. Ça sert à quoi de réunir 200 cadors pour ne rien en faire ?» critique un ténor PS. Aucun des candidats à la primaire n'a été invité, seuls leurs entourages seront là. «On ne voulait pas que ce soit une espèce d'audition», justifie Germain. «C'est très bien tout ça, mais il y a une primaire dans quelques semaines non ?» ironise Mathieu Hanotin, directeur de campagne de Hamon. Lorsqu'on pose la question à Lamy, il s'en sort par une phrase «de grand-mère» : «A chaque jour suffit sa peine…»

«Trop méchante». «Martine [Aubry] ne nuira pas à Hollande, elle ne soutiendra ni Montebourg ni Hamon, croit savoir un membre du gouvernement. Elle sera dans un laisser-faire bienveillant.» Plutôt amène à l'égard du Président à la rentrée, Aubry ne s'est pas exprimée depuis la sortie du livre «Un président ne devrait pas dire ça… » et la crise qui secoue l'exécutif. «Elle aurait été trop méchante», assure un proche. «Aubry pense que c'est perdu, elle ne se fatigue pas à chercher une alternative, observe un dirigeant PS. Elle prépare la suite pour être sûre que Valls ne prenne pas le parti.» Une première pierre pour l'après-2017.