Après sa franche victoire à la primaire de la droite, François Fillon a répété qu'il avait élaboré son programme en allant à la rencontre des Français qui l'ont «nourri de leur révolte, de leurs idées, et de leurs espoirs». Mais le candidat de la droite à l'élection présidentielle de 2017 ne semble pas avoir rencontré beaucoup de locataires ou de copropriétaires car dans son «projet pour la France», il promet «l'abrogation de la loi Alur» de Cécile Duflot. Et pour que ce soit bien clair, il spécifie qu'il fera «supprimer l'encadrement des loyers», en vigueur à Paris depuis août 2015 et qui doit être élargi à toute la banlieue parisienne à l'horizon 2018.
Une mesure pourtant plébiscitée par les Français épuisés par la hausse de loyers qui se sont envolés de 52,1 % en moyenne nationale entre 1998 et 2016. Cette augmentation a été encore plus forte en Ile-de-France et dans les métropoles régionales où les prix des locations atteignent des sommets. A Paris ou dans des villes de la proche banlieue, il faut désormais compter entre 900 et 1 400 euros pour louer un deux-pièces. Des chiffres à comparer avec le salaire médian qui est de 1 772 euros (la moitié des Français gagnent moins).
Compte tenu de ce programme, les associations de consommateurs considèrent que François Fillon «n'a écouté à l'évidence qu'une frange de la population». Plusieurs sondages montrent en effet que les Français plébiscitent l'encadrement des loyers : 75 % estiment que c'est un «bon dispositif pour protéger les locataires» et 76 % considèrent que le «gouvernement a raison de mettre un peu d'ordre dans le marché de l'immobilier» (1). Mais cette mesure est farouchement combattue par les professionnels du secteur et leurs fédérations, qui défendent des intérêts bien compris : plus les loyers sont élevés et plus les agences touchent, au titre de la gestion locative. Outre l'encadrement, la loi Alur oblige aussi les syndics à une plus grande transparence dans la gestion des copropriétés et remet de l'ordre dans leurs tarifs. Des mesures largement approuvées par les copropriétaires, mais là aussi combattues par les professionnels de l'immobilier. A l'évidence François Fillon a surtout écouté les seconds.
(1) Sondage Opinion Way réalisé pour le compte du réseau Orpi en juin 2015.