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Libération

Retour du service militaire : mission impossible ?

Les socialistes veulent instaurer «une véritable garde nationale par le rétablissement de la conscription», qui n’existe plus depuis 2001. Ce qui pose question.
publié le 2 décembre 2016 à 20h16

«Les conditions requises par la loi pour rétablir la conscription semblent pour la première fois depuis vingt ans réunies, déclarait Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, cette semaine. Les moyens disponibles pour assurer la protection optimale des citoyens s'avèrent notablement insuffisants, tandis que les armées peinent à dégager des effectifs pour participer aux missions de sécurité intérieure. Nous proposons donc une véritable garde nationale par le rétablissement de la conscription.»

Le service militaire obligatoire, dont la fin a été décidée par Jacques Chirac, et initiée par le gouvernement Jospin en 1997, n’existe plus depuis novembre 2001. Cet hypothétique retour aux casernes pose question.

A quoi ressemblerait ce nouveau service militaire ?

Jean-Christophe Cambadélis s'appuie sur un rapport du PS datant de juin où la direction proposait déjà de «fédérer en un seul dispositif cohérent et performant l'ensemble des dispositifs actuels liés au service civique» afin «de proposer aux jeunes des options nouvelles et dynamiques» . L'idée était une conscription de huit mois : un mois consacré à une formation commune, obligatoirement effectuée à 18 ans, et «sept mois de spécialisation à option», entre 18 et 25 ans, «sur la base du volontariat». Objectifs du PS : «Soulager les forces de défense et de sécurité de missions qui les accaparent et les détournent de leur cœur de métier» et «restaurer l'idée d'une participation citoyenne à la politique de défense et de sécurité (y compris civile)».

Pourquoi c’est difficilement réalisable ?

Les experts estiment qu'il faudrait trouver au bas mot 5 à 6 milliards d'euros par an dans les finances publiques. Un gradé de l'armée française estime que l'armée n'a ni les infrastructures ni les moyens humains pour accueillir des jeunes conscrits. De plus, il faudrait embaucher des dizaines de milliers de personnes d'encadrement ou retirer des militaires du front pour former des civils. Il ajoute qu'aujourd'hui les armées se sont professionnalisées et que les systèmes d'armement sont devenus très sophistiqués : «Il faudrait au moins une formation d'un an pour être opérationnel. Sinon ça ne sert à rien.»

Existe-t-il d’autres solutions ?

Le service militaire adapté (SMA) est un dispositif d’insertion socioprofessionnelle pour des jeunes âgés de 18 à 25 ans, peu ou pas diplômés et qui ont besoin d’acquérir une première expérience professionnelle. Ils doivent résider dans l’un des départements ou collectivités d’outre-mer. Les stagiaires s’engagent pour au moins six mois et jusqu’à vingt-quatre mois. Le SMA aura accueilli, en 2015, 5 764 jeunes ultramarins en difficulté et affiche un taux de sorties avec formation ou métier à la clé de 76,3 %.

Autre système, l’Etablissement public d’insertion de la défense (Epide) est un dispositif d’accompagnement à l’insertion sociale et professionnelle qui s’adresse à des jeunes âgés de 18 à 25 ans, volontaires, en situation de retard ou d’échec scolaire, sans qualification ni emploi. Qui s’inscrivent pour une durée de huit mois.

Enfin, le service national volontaire permet, lui, une véritable initiation militaire pour une durée allant d’un an minimum à cinq ans maximum.