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La semaine où... François Hollande a déjoué les pronostics

François Hollande a annoncé jeudi qu'il renonçait à briguer un second mandat présidentiel. Une décision aussi inédite dans l'histoire de la Ve République qu'inattendue pour les observateurs politiques.
François Hollande à l'Elysée, le 1er décembre. (Photo Lionel Bonaventure. AFP)
publié le 3 décembre 2016 à 9h42

On le disait prêt à se lancer dans la campagne présidentielle. On l'annonçait en concurrence avec son Premier ministre. On l'imaginait attendre la date du 15 décembre, date limite pour le dépôt des candidatures à la primaire de gauche, pour officialiser sa décision. Quitte, peut-être, à snober le scrutin préliminaire organisé par le Parti socialiste.

Nous, journalistes, observateurs et acteurs de la vie politique, avancions les hypothèses. Et, tous autant que nous sommes, nous sommes trompés.

Nous, journalistes, nous étions pourtant promis, après la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis et le triomphe de François Fillon dans la primaire de droite, de ne plus prêter attention aux sondages et autres bruits de couloirs…

Une intervention à 14 millions

C'est donc lors d'une allocution en direct à la télévision, sous les yeux de plus de 14 millions de téléspectateurs massés devant TF1, France 2 et M6 ce jeudi à 20 heures, que François Hollande a solennellement annoncé son choix : il renonce à se présenter à la prochaine élection nationale.

Devant les caméras, visage impassible et voix blanche : «Aujourd'hui, je suis conscient des risques que ferait courir une démarche – la mienne – qui ne rassemblerait pas largement autour d'elle. Aussi, j'ai décidé de ne pas être candidat à l'élection présidentielle.»

«Lucide» ou «courageux» ?

Si l'on ignore encore tout des conséquences de ce choix, la décision du président de la République a immédiatement fait réagir la sphère politique.

Entre hommes et femmes de pouvoir, le renoncement de l'actuel locataire de l'Elysée à briguer un nouveau mandat a été quasi unanimement qualifié de «lucide». Mais, là où les socialistes saluent un homme «courageux», l'opposition politique y voit «une heureuse décision pour la France» (Florian Philippot) et «un énorme aveu d'échec» (Jean-Luc Mélenchon).

Surtout, par ce verdict inédit dans l'histoire de la Ve République, François Hollande valide  à l'approche du début de la campagne électorale  son entrée dans la dernière ligne droite d'un mandat qui aura été pour le moins agité.

De l’investiture au renoncement

Inévitablement marquées par les différents attentats terroristes qui ont touché le pays depuis le 7 janvier 2015 et l'attaque de Charlie Hebdo, les quatre premières années et demie de l'élu corrézien à l'Elysée auront été jalonnées de hauts et de bas.

De la légalisation du mariage homosexuel au passage en force sur la Travail, il aura peiné à convaincre la rue sur ses grandes réformes. Sur le cas Leonarda ou la déchéance de nationalité (son «seul regret», a-t-il avoué jeudi), il aura été maladroit. Mais si l'opinion publique lui reste très défavorable, le chef de l'Etat n'aura, à l'heure de tirer le bilan définitif de son passage au 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré, pas forcément à rougir de son bilan.

Désormais libéré du poids des sondages, François Hollande s’apprête à vivre plus librement ses six derniers mois dans le costume présidentiel. Avant, sans doute, de se retirer de la vie politique. Mais ce serait, là encore, tirer hâtivement des plans sur la comète…