L’humour, arme fatale. Plutôt que de publier des communiqués indignés et de déposer à l’ordre du jour du Conseil de Paris des vœux outrés, Eric Azière, président des centristes de la capitale (UDI-Modem), a choisi d’attaquer le féroce forain Marcel Campion par l’ironie.
Ainsi, lorsque Campion avait fait bloquer la place de la Concorde par les poids lourds de ses amis des manèges fin novembre, l'élu avait publié un communiqué intitulé: «Chauffe Marcel!….» Après avoir «félicité» Campion «pour son coup de force place de la Concorde qui a mis en accordéon la circulation parisienne pendant plusieurs heures», le centriste lui reconnaissait aussi d'avoir «su imposer, à l'occasion de ce nouveau coup de force, sa vision paysagère dans l'occupation de l'espace public».
Deuxième salve aujourd'hui avec ce vœu, forme juridique de la participation des groupes politiques aux débats municipaux. Intitulé «vœu relatif au changement de dénomination de la place de la Concorde en place de la Grande Roue», le texte reprend la rhétorique du genre en énumérant les «Considérant que…».
Cela donne par exemple: «Considérant que la Grande Roue ne gâche absolument pas la perspective entre la place du Carrousel, le jardin des Tuileries, l'obélisque de la Concorde, les Champs-Elysées et l'Arc de Triomphe, mais qu'elle contribue plutôt à l'exercice d'une vision séquencée de cette perspective unique au monde, et se révèle de fait un test de dépistage très efficace de la Dégénérescence Maculaire Liée à l'Age (DMLA).»
Ou encore: «Considérant que les Chevaux de Marly qui encadrent l'entrée du jardin des Tuileries, et le bas des Champs Elysée ne sont plus en situation d'exposition artistique, mais qu'après tout ce ne sont que de simples copies dont les originaux peuvent être parfaitement visités au Musée du Louvre moyennant un ticket d'entrée».
Il y en a encore toute une série comme ça. De la mainmise de Campion sur l'espace public parisien, Azière est «amusé et attristé» dit son entourage. Pour Paris, Marcel Campion, qui ne respecte ni règles, ni jugements du tribunal administratif, est un prestataire encombrant.