Les qualités intellectuelles, le sens de la République et la culture historique de Vincent Peillon ne sont pas en cause. Son absence du débat public national depuis sa sortie du gouvernement en mars 2014 non plus. Toujours eurodéputé, l'ancien ministre de l'Education nationale s'est remis à l'enseignement de la philo, en Suisse, et a publié en avril un roman d'espionnage intitulé Aurora (Stock). C'est tout à fait estimable. Mais voir son nom surgir à moins d'une semaine de la date limite pour déposer sa candidature à la primaire de la Belle alliance populaire (BAP) a quelque chose d'artificiel. Et renforce l'idée qu'il va d'abord s'agir d'un règlement de comptes entre socialistes. Chacun, s'il dispose des parrainages nécessaires, est évidemment libre de tenter sa chance.
Ce qui interroge et peut légitimement choquer, c'est la dimension soudaine chez Vincent Peillon d'une telle initiative. On l'a compris, c'est la candidature de Manuel Valls en lieu et place de celle de François Hollande, qui a conduit certains socialistes (Martine Aubry assure ne pas en faire partie) à pousser l'ancien ministre à se lancer. Avec quel programme ? S'il s'agit de s'intercaler politiquement entre l'ancien Premier ministre, qui déclare assumer tout son bilan à Matignon, et Arnaud Montebourg, qui s'en est fait le premier contempteur dans la famille socialiste, l'espace est déjà en partie occupé par un autre ancien ministre de l'Education du quinquennat, Benoît Hamon.
Peillon devrait, selon ses proches, candidater «dans les jours qui viennent» et réunir ensuite son premier cercle. On est curieux de découvrir qui va s'engager derrière une telle démarche. Pour Manuel Valls, la donne s'en trouverait en tout cas compliquée car on imagine que Montebourg-Peillon-Hamon - triplette qui animait il y a une grosse dizaine d'années le Nouveau parti socialiste (NPS) - trouvera un moyen de s'entendre sur son dos. Le premier tour de la primaire sera aussi un moyen de les départager.