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Libération

Primaire : Peillon se voit en Jospin de… 1995

publié le 9 décembre 2016 à 20h36

Mirifique effet miroir. Ils ne sont encore qu’une toute petite poignée autour de Vincent Peillon, qui doit annoncer sa candidature à la primaire dimanche soir, mais tous ont en tête le même scénario. Une époque où le nom de Lionel Jospin était synonyme d’espoir et non de 21 avril 2002. En décembre 1994, le candidat naturel de la gauche, Jacques Delors, renonce à la présidentielle. Lionel Jospin surgit de nulle part. Privé d’un poste d’ambassadeur par la droite, il n’est que simple conseiller général de Haute-Garonne mais remporte la primaire PS haut la main avant de se qualifier, à la faveur de la guerre fratricide entre Chiraquiens et Balladuriens, pour le second tour de la présidentielle avec un score canon malgré une campagne éclair.

Si on suit bien, donc, Hollande c'est Delors et Peillon c'est Jospin. Le parallèle est pratique, balayant les critiques sur l'impréparation, l'éloignement, voire le décrochage de Peillon, absent de la scène politique depuis deux ans et demi. Député européen, il est (re)devenu professeur de philosophie en Suisse - «comme Voltaire à Ferney», lâche, sans rire, un de ses soutiens - et jurait à qui mieux mieux en avoir fini avec les congrès, les mandats et les campagnes. Oui mais voilà, la disparition de Hollande «a créé une situation exceptionnelle qui fait que le cœur du cœur de la gauche n'est plus représenté», justifie un proche. Une version new look de «c'est l'occasion qui fait le larron» provoquant l'ironie des autres écuries. «Peillon, ce sera le Copé de la primaire de gauche», prédit Pascal Cherki, proche de Benoît Hamon.

Pour l'élu Patrick Mennucci, Peillon est au contraire central : «Vincent, c'est le PS que les Français aiment, celui qui a réussi, qui réforme, qui défend des idées modernes sans renier ses valeurs.»Valls appréciera. Montebourg en prend aussi pour son grade : en tant qu'ex-ministre, «il valait mieux être silencieux ou cracher tous les quatre matins sur Hollande ?» se demande Mennucci. Après le JT de France 2, dimanche soir, Peillon remplit son agenda : une radio mardi, probablement France Inter, puis des déplacements à Strasbourg et en banlieue parisienne. «On est des petits, nous, un truc par jour, pas quatre», raille une petite main en allusion à la visite compliquée de Valls dans le Doubs mercredi.  Photo Reuters