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Libération
Analyse

Youtube à plein tube

publié le 9 décembre 2016 à 20h46

Jean-Luc Mélenchon est toujours à l'affût des nouvelles technologies. Il a été l'un des premiers politiques à avoir utilisé le Minitel puis à lancer un blog. Cette fois, sa campagne repose sur la Toile via un outil sophistiqué : Nation Builder, un logiciel de gestion de communauté similaire à celui utilisé, aux Etats-Unis, par l'ancien candidat à la primaire démocrate Bernie Sanders. La plateforme «JLM 2017» permet d'agréger une vaste base de données d'électeurs potentiels, de mettre en relation les «insoumis» (le nom donné à ses militants) et de récolter des fonds pour faire campagne. Elle a aussi permis aux «insoumis» connectés (environ 170 000) de participer à la rédaction du programme, l'Avenir en commun.

Le candidat ne s'arrête pas là. Il squatte les réseaux sociaux et propose sa «revue de la semaine» sur YouTube. Installé sur un canapé, tranquille, Jean-Luc Mélenchon revient, durant une vingtaine de minutes, sur les choses qu'il a «vues, lues et entendues» lors de ses sorties ou bien dans la presse. Des sujets sérieux, d'autres moins. Et ça marche : sa chaîne YouTube compte plus de 100 000 abonnés. Un score qui dépasse ses espérances et qui le place loin devant Nicolas Sarkozy (7 500 fidèles) et Jean-Marie Le Pen (6 400). Un membre de son équipe ne cache pas sa satisfaction : «Jean-Luc n'a pas les codes du Net, il vient d'un autre monde. Mais lorsque tu viens le voir avec une nouvelle idée, il est toujours à l'écoute et il est toujours prêt à prendre des risques.»

Le candidat de la France insoumise n’a rien inventé. Mais contrairement à ses concurrents, il a très vite compris la puissance d’Internet. Et surtout, son intérêt : prendre la parole sans contradicteur et toucher un public plus jeune, plus éloigné des urnes. Car chez l’ancien socialiste, tout est politique. Et il ne s’en cache pas. Dans ses dernières vidéos YouTube, il livre ses intentions : «Le premier média sur lequel je peux m’appuyer, c’est moi-même.» Et à la rencontre du succès, il affiche sa satisfaction : «Nous sommes en train d’atteindre l’objectif de contournement d’un certain nombre de médias officiels.»