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Libération

Fillon et la Sécu, circulez y a rien à voir

publié le 14 décembre 2016 à 20h16

François Fillon poursuivait mercredi, sur le terrain, son opération déminage. Pour préciser ses intentions sur l'assurance maladie et dénoncer encore les «caricatures» dont il se dit victime, il s'est déplacé jusqu'à l'hôpital Marie-Lannelongue du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), prestigieux établissement spécialisé dans la chirurgie thoracique. Il était accompagné, pour la circonstance, par une brochette de parlementaires médecins : le cardiologue juppéiste Jean Leonetti, l'oto-rhino-laryngologiste filloniste Bernard Accoyer et l'urgentiste sarkozyste Philippe Juvin. Egalement présente, la professeure de génétique Dominique Stoppa-Lyonnet, qui conseille Fillon sur la santé et pourrait lui succéder en mai prochain comme députée de la 2e circonscription de Paris. Au milieu de cet aréopage, le vétérinaire Gérard Larcher, président du Sénat, confiait se sentir «un peu dans le rôle de l'intrus»…

Manifestement décidé à ne pas reconnaître publiquement qu'une erreur a dû être corrigée dans son projet, le candidat a certifié n'avoir jamais voulu «privatiser l'assurance maladie». Pas question non plus de «distinguer entre gros et petit risque». C'est pourtant bien la proposition que Fillon défendait encore, devant Juppé, lors du débat télévisé du 25 novembre. Elle a été effacée mardi après-midi sur le site internet Fillon2017.

«Vous m'imaginez, moi, soutenant un projet de privatisation de la sécurité sociale ?» s'est indigné le gaulliste social Larcher, sollicité par Libération. A ses côtés, Dominique Stoppa-Lyonnet reconnaissait tout au plus «un problème sémantique» dans la rédaction du projet. Selon elle, il n'a jamais été question d'envisager le déremboursement du petit risque. Le vrai sujet, explique-t-elle, c'est de «clarifier les domaines d'intervention» de l'assurance maladie et des complémentaires.

C'est ce qu'a répété Fillon lors de la prise de parole qui devait conclure sa visite. L'agence de régulation et de contrôle qu'il propose de créer devra assurer «une meilleure gestion de l'ensemble du dispositif de protection sociale». Cela viendra «le moment venu», après «concertation avec tous les acteurs». Laquelle sera précédée d'un «audit des comptes sociaux» confié à des experts indépendants. Tout en insistant sur la nécessité d'un «diagnostic solide», Fillon a estimé que les assurés, eux, savent déjà que «la médecine à deux vitesses est là» et qu'elle s'est installée «de façon rampante», avec ses déserts médicaux, ses frais d'optique, ses soins dentaires et ses consultations de spécialistes «souvent moins bien remboursées qu'autrefois».