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Libération

Vers un procès Bygmalion ?

Publié le 15/12/2016 à 20h06

Bygmalion, saison 4, épisode 8. La cour d'appel de Paris vient de rejeter les derniers recours dans l'enquête sur les fausses factures de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012. Demandant la nullité de sa mise en examen, Guillaume Lambert, l'ex-directeur de la campagne, dénonçait le versement au dossier, à la fin de l'instruction, de milliers d'échanges de mails ou SMS entre des protagonistes de l'affaire auxquels il n'aurait pas eu accès. Demande rejetée au motif que cette requête est «mal fondée». A peine la décision tombée, l'avocat de Lambert a annoncé son intention de se pourvoir en cassation. Ce qui n'empêche cependant pas les juges d'instruction de rendre leur ordonnance de renvoi, d'ici quelques semaines, voire quelques jours.

Une autre bataille risque alors de s’engager entre les juges d’instruction. Le doyen d’entre eux, Roger Le Loire, a demandé en juillet à être dessaisi du dossier : il compte s’engager lors des législatives. Restent les deux cadors du pôle financier, Renaud Van Ruymbeke et Serge Tournaire, qui s’opposent sur le cas Sarkozy. Le premier est sceptique sur les éléments qui permettent de renvoyer l’ex-chef de l’Etat en correctionnelle pour le délit de financement illégal de campagne électorale, conformément aux réquisitions du parquet de Paris. Le second est convaincu de la responsabilité de Sarkozy, qui a demandé de nouveaux meetings malgré l’alerte des experts-comptables et signé ses comptes de campagne en toute connaissance de cause. Tournaire étant le magistrat instructeur principal dans le dossier, sa signature suffit à renvoyer l’ex-président devant le tribunal. Mais si Van Ruymbeke refuse d’y apposer la sienne, des protagonistes du dossier ne manqueront pas de faire appel de l’ordonnance de renvoi, repoussant encore la tenue d’un procès.