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Libération
Éditorial

Engouement

La primaire de la gauche aura lieu les 22 et 29 janvier. (Photo Vincent Nguyen. Riva-Press pour Libération)
publié le 28 décembre 2016 à 20h16

Encore un cliché qui s’effondre. On disserte partout sur la crise de la représentation, la désuétude des joutes électorales, la décadence démocratique qui frapperait les pays développés minés par la crise sociale et le vide des idéaux. Et voilà que dans plusieurs grandes villes, on bat le record d’inscriptions sur les listes électorales ! Certes l’abstention progresse lentement de scrutin en scrutin, surtout dans les élections intermédiaires. Mais ils étaient encore 80 % à voter lors de la présidentielle de 2012… Dégoûtés de la politique, les Français ? Ces chiffres démontrent exactement le contraire. Pourquoi cet engouement ? Parce que la primaire de la droite a piqué l’intérêt de l’électorat conservateur, parce que l’élection de Donald Trump a rendu pour la première fois vraisemblable un succès de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, parce que les électeurs hostiles aux partis de gouvernement veulent aussi faire entendre leur voix… Bref, parce que la politique classique qu’on dit moribonde intéresse toujours le peuple français. Ceux qui déplorent la coupure entre élus et électeurs devraient réfléchir à cette réalité : dans cette élection, tous les secteurs de l’opinion seront représentés, le nationalisme populaire avec le FN, le libéralisme conservateur avec Fillon, le patriotisme droitier avec Dupont-Aignan, le social-libéralisme moderniste avec Macron, ou bien plus autoritaire avec Valls, le souverainisme de gauche avec Montebourg, la social-démocratie radicalisée avec Hamon, l’écologie maintenue avec Jadot, le hollandisme zombie avec Peillon, la radicalité écosocialiste avec Mélenchon et même les fumeurs de pétards avec Pinel. La classe politique qu’on dit coupée du peuple représente en fait toutes les nuances de l’opinion, excepté les fachos revendiqués et les gauchos atrabilaires. Démocratie pas morte…