Ni le mot, contraction oxymorique de «burqa» et «bikini», ni le concept ne sont nouveaux. Mais, plus de dix ans après son invention, c'est au cours de l'été 2016 que le burkini devient subitement un enjeu politique. Lancée en 2003 par la Libano-Australienne Aheda Zanetti, cette combinaison (tunique, pantalon, bonnet-hijab) en tissu synthétique a pour but, selon sa créatrice, de permettre aux musulmanes pratiquantes de se baigner et de se fondre «dans le mode de vie occidental». Dans le contexte anxiogène et sécuritaire de l'après-Nice, le maire LR de Cannes interdit fin juillet l'accès aux plages aux personnes «n'ayant pas une tenue respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité», évoquant un risque de «trouble à l'ordre public». Ainsi formulé, le premier «arrêté anti-burkini» est suivi d'une trentaine d'autres, parfois dans des villes où l'on en a jamais vu. Comme à Sisco (Corse), où une rixe se transforme en psychodrame national autour d'un vêtement que personne ne portait sur place ce jour-là. Fin août, saisi par la Ligue des droits de l'homme et le Comité contre l'islamophobie en France, le Conseil d'Etat met un terme à l'interdiction, «atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales».
Burkini/ Bain en eaux troubles
publié le 30 décembre 2016 à 17h09
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