Quand les riches seront plus riches et les pauvres un peu plus pauvres, tout ira mieux en France. Une caricature du programme de François Fillon ? Pas sûr... Si l’on examine les mesures fiscales et sociales qu’il propose, force est de constater que l’impôt est en moyenne nettement allégé pour les classes supérieures et que l’augmentation de la TVA de deux points, qui touche tout un chacun, sera forcément plus coûteuse à ceux qui épargnent peu, c’est-à-dire aux moins favorisés. Et que l’effort qui sera demandé aux fonctionnaires - travailler plus en gagnant la même chose - ne s’étend guère aux classes supérieures. Au fond, il y a un certain courage politique à tenter de se faire élire en promettant surtout des sacrifices. La victoire contre le chômage est à ce prix, dit François Filon, et, en tant que chrétien, il ne fera rien de contraire à la dignité humaine. On veut bien le croire. Mais c’est tout de même un drôle de chrétien celui qui réserve sa charité, non aux plus démunis, mais aux plus nantis. Ceux-là même qui pensent que les fonctionnaires se gobergent à l’abri de leur statut de «privilégié» et qu’il faut de toute urgence en diminuer le nombre pour mettre au travail ceux qui restent. Mot d’ordre que les policiers, les infirmières ou les auxiliaires de vie, sollicités plus qu’à leur tour pour des salaires fort minces, apprécieront à sa juste valeur. François Bayrou, Henri Guaino et quelques autres à droite ont dit ce qu’ils en pensaient, c’est-à-dire beaucoup de mal. Et aussi Gérald Darmanin, sarkozyste rallié, bombardé porte-parole filloniste, qui a porté, avant de se reprendre, une parole rigoureusement contraire à celle de son nouveau chef de file. François Fillon revendique une «rupture» avec des décennies de laxisme et de demi-mesures. Beaucoup de ses amis craignent qu’il rompe surtout avec une grande partie de l’opinion.
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