Pendant la présidentielle, Libération va sonder, chaque jour de la semaine, six lieux différents de la «France invisible». Ce mercredi, un lycée professionnel à Meudon.
Ils ont sucré leur récréation et prolongé leur journée de cours pour venir «débattre» politique. Ils ne sont pas moins de 14 élèves volontaires. Direction une immense pièce en parquet où le moindre bruit résonne. Nous voici au lycée professionnel Saint-Philippe. Un établissement privé sous contrat avec l'Etat, géré par la fondation Apprentis d'Auteuil qui s'active depuis cent cinquante ans pour aider les jeunes en difficulté. Ici, la majorité des élèves se préparent aux métiers de l'horticulture (les 13 hectares d'espace vert s'y prêtent). D'autres à la menuiserie.
Notre assemblée du jour est composée essentiellement de garçons en filière Electrotechnique, énergie, équipements, communicants (Eleec). Au dernier rang, il y a aussi quelques filles préparant un bac pro de services à la personne. Cette présidentielle sera leur première élection. Combien iront dans l'isoloir ? Quatre mains levées, dont Jahmyn, «un peu obligé par [s]es parents».
Quatre n'iront pas voter. Les six restants n'ont pas d'avis arrêté, mais aucun n'est emballé. «Ils font tous des promesses mais ne les tiennent jamais», dit Amin, 19 ans. Slade hausse les épaules. «De toute façon, les politiques prennent des décisions sans réfléchir aux conséquences que cela aura sur nos vies. Pourtant, les gens de la France de demain, c'est nous.» Il prend pour exemple la loi travail. Soupir. Sofia trouve que les politiques ne s'intéressent pas aux jeunes. «Les discours sont tous un peu pareil», tranche Jahmyn. Approbation unanime de ses camarades. Pourtant, tous sont informés (en partie par les chaînes d'info en continu), ils citent les principales figures de l'échiquier politique actuel. Marine Le Pen, «elle est pour le retour du franc» ; Fillon, «il ne veut plus de Sécurité sociale». Le nom de Valls leur parle, c'est moins évident pour Hamon et Montebourg. Et Mélenchon ? «Bien sûr, on le connaît, Jean-Luc», dit Slade.