«La seule chose que je veux dire, c'est que je veux être auprès de ma mère et de mon beau-père à Perpignan», avait indiqué Cécile Bourgeon, 29 ans, face aux magistrats lors d'une visioconférence depuis sa prison de Corbas (Rhône). La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Riom (Puy-de-Dôme) n'a pas accédé à sa demande. Ce matin, le président a annoncé le maintien en détention de la mère de Fiona dans l'attente de son procès en appel qui n'a pas encore été audiencé. Il a ainsi suivi les réquisitions de l'avocat général, Raphaël Sanesi de Gentile, qui s'était opposé, hier, à une remise en liberté. Selon lui, cela pourrait nuire à «une éventuelle recherche du corps». Le cadavre de la fillette de 5 ans, disparue en 2013, n'a en effet jamais été retrouvé. Au cours du procès devant la cour d'assises de Riom, Cécile Bourgeon et son compagnon Berkane Makhlouf avaient soutenu ne plus se souvenir du lieu d'enfouissement, expliquant que leur mémoire avait été altérée par la prise massive de drogue et de médicaments.
«Eventuelle agression»
Autre argument mis en avant par l'avocat général : la sécurité de la jeune femme. Il a rappelé les violents débordements à l'issue du verdict et affirmé avoir reçu des «messages d'insatisfaction» depuis la fin du procès (qui s'était lui-même déroulé dans un climat délétère). Le 25 novembre, à l'issue de deux semaines d'audience, Berkane Makhlouf avait été reconnu coupable de «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner» et écopé d'une peine de vingt ans de réclusion criminelle, tandis que Cécile Bourgeon, était, quant à elle, acquittée des coups mortels. La cour avait estimé «qu'il n'existait qu'un élément à charge» à son égard, à savoir «l'accusation tardive de Berkane Makhlouf», et l'avait condamnée à cinq ans d'emprisonnement pour les faits délictuels (recel de cadavre, dénonciation mensongère, non-assistance à personne en danger, modification de l'état des lieux de crime). Ce verdict avait été suivi d'une déferlante de messages haineux et de menaces sur les réseaux sociaux. Selon l'avocat général, Cécile Bourgeon pourrait subir un «harcèlement, une éventuelle agression». Ne pas la libérer serait «dans l'intérêt de tous et celui de Cécile Bourgeon», a-t-il conclu. Il sera suivi par la cour d'appel.
Contacté par Libération, Me Gilles-Jean Portejoie, avocat de Cécile Bourgeon, a annoncé avoir déposé, ce matin, une nouvelle demande de remise en liberté et formé un pourvoi en cassation contre cette décision. «La cour d'appel craint que Cécile Bourgeon ne revienne sur les lieux du crime pour déterrer le corps de sa fille et qu'elle fasse pression sur des témoins. On maintient donc en prison une personne dont la régularité du titre de détention apparaît comme suspecte», explique-t-il, en faisant référence à des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) déposées par la défense et transmises à la Cour de cassation qui concernent la constitutionnalité de la détention provisoire de Cécile Bourgeon. Cette dernière est détenue depuis septembre 2013 et a donc passé quarante mois sous les verrous, soit les deux tiers de la peine de cinq ans d'emprisonnement prononcée par la cour d'assises de Riom.