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Libération
Billet

Le chef-d’œuvre d’autosatisfecit du président du Loiret Hugues Saury

Dans un texte adressé aux élus du conseil départemental qu'il dirige, l'homme politique a subtilement suggéré des éléments de langage défendant son bilan à utiliser lors des cérémonies de vœux.
Hugues Saury, président du conseil départemental du Loiret. (Photo D. Chauveau)
publié le 13 janvier 2017 à 16h00

Pourquoi se lancer soi-même des fleurs quand on peut déléguer cet exercice à d'autres ? C'est avec cette remarquable aisance que Hugues Saury, président LR du conseil départemental du Loiret (Centre-Val de Loire), a fait parvenir à ses collègues des «éléments de langage pour les cérémonies de vœux 2017» – auxquelles assistent les élus, opposition comprise, dans les mairies de leur canton. Les conseillers socialistes et écologistes sont ainsi priés de louer la politique de l'exécutif qu'ils ont pourtant vocation à contrarier. «Imagine-t-on François Hollande envoyer aux députés UDI, LR voire FN des suggestions quant à ce qu'ils pourraient dire à l'occasion de cérémonies de vœux dans leurs circonscriptions respectives ?» interroge Thierry Soler, élu écolo destinataire de ce chef-d'œuvre d'autosatisfecit.

Eloges sur le volontarisme

Entre deux phrases empruntées au Petit lexique de la langue de bois – «le département est un acteur de proximité et à l'écoute de vos attentes pour les accompagner» –, ces éléments de langage transmis par le directeur de cabinet ne tarissent pas d'éloges sur le volontarisme de cette collectivité définitivement exemplaire.

Jugez plutôt. «Malgré ces contraintes [budgétaires], cette année encore et les années à venir, notre département investira fortement pour garantir aux Loirétains une qualité de vie toujours meilleure.» C'est beau comme une introduction du Jeu des 1 000 euros sur France Inter.

Les départements voisins montrés du doigt

Et qui pourrait en dire autant ? Sûrement pas les départements voisins qui sont carrément montrés du doigt de manière peu confraternelle. Le document promotionnel précise, par exemple, que le Loiret va maintenir «un fort niveau d'investissements à hauteur de 119,8 millions d'euros» contrairement à ces grippe-sous de l'Indre qui y consacrent «seulement» 45 millions d'euros. Oubliant au passage que l'Indre a un budget inférieur au sien et qu'il investit, proportionnellement, autant que le Loiret.

Mais pas question d’achever les bons vœux sur ces détails comptables un brin mesquins, puisque l’argumentaire propose, in fine, de prendre de la hauteur en citant de grands esprits tels Albert Camus, Antoine de Saint-Exupéry, Maurice Blondel et… Raymond Barre. Cherchez l’intrus.